Après le cinquième round du plan Annan, en mai dernier, et le KO debout obtenu par la partie grecque, voici venu le temps du sixième round.
Cette fois-ci, le match s’annonce serré dans ce championnat interchypriote qui oppose Grecs et Turcs depuis plus de trente ans. Les règles de ce nouveau duel viennent tout juste d’être présentées aux adversaires par les Nations unies sur fond d’élections législatives anticipées dans la partie nord de l’île.
A la droite du ring, les Chypriotes grecs, surnommés les “boxeurs”, vainqueurs du dernier round grâce à leur entrée dans l’Union européenne (UE). Malgré une saison de négociations difficiles, ils ont retrouvé une forme olympique.
A gauche, les Chypriotes turcs, dits les “catcheurs”, grands revenants du dernier championnat, désireux d’entrer dans l’UE et prêts à tout pour être reconnus par la communauté internationale.
Mais l’avantage est cette fois à gauche du ring. Et pour cause : depuis que, le 24 avril dernier, les Chypriotes grecs ont rejeté le plan de réunification imaginé par le secrétaire général des Nations unies, leur popularité est en chute libre au sein du public (la communauté internationale).
Et puis les Chypriotes turcs ont su recruter des entraîneurs de choc.
D’abord la Turquie, seule à reconnaître l’équipe des “catcheurs”, mais qui dispose d’un argument redoutable : ses troupes armées, implantées dans la partie nord de l’île, et dont elle négociera chèrement le retrait. Mais, surtout, les Etats-Unis, qui ont promis plus de 30 millions de dollars d’aide.
Grâce aux élections du 20 février, les “catcheurs” ont constitué un gouvernement digne de ce nom. Grâce à lui, ils comptent forcer leur reconnaissance par une communauté internationale pressée de trouver une solution et qui, poussée par les Etats-Unis, oubliera vite le caractère autoproclamé de l’entité turco-chypriote.
Enfin les “catcheurs” ont une botte secrète : le mot d’ordre de leur nouveau Premier ministre, Mehmet Ali Talat, qui veut “ramener les Chypriotes grecs et leur président sur le chemin de la paix”.
Du déjà-vu mais qui frappe fort.
Dans ce sixième round qui s’annonce, les coups bas sont heureusement interdits et les deux adversaires veulent la même chose : la réunification.
Dans le public, les paris vont bon train mais le vainqueur sera certainement l’entraîneur des “catcheurs”, la Turquie, qui a appris à charmer l’arbitre onusien et dont le seul objectif est l’ouverture des négociations pour son adhésion à l’UE, prévues le 3 octobre prochain. A condition que le problème chypriote soit résolu.