Une époque de paradoxes
Peut-on parler de Turquie chrétienne ? Je le crois, même si les chrétiens ne sont plus qu’une infime minorité dans un pays largement musulman. Par l’histoire et une cohabitation millénaire, ils ont largement participé à l’édification de ce pays. C’est rendre hommage aux communautés d’aujourd’hui que d’évoquer ce passé, même lointain. Sans nostalgie ni anachronisme, il s’agit de comprendre un enracinement profond. Plus qu’ailleurs, le christianisme est ici vécu comme une identité. (...)
La Turquie est un pays où il faut revenir sans cesse. Les époques archéologiques et humaines s’y superposent à ciel ouvert. Surtout on peut y voyager en paix. Le pèlerin y trouvera les plus beaux sites chrétiens hors de Terre Sainte, et le curieux d’églises, de monastères et de lieux enchantés pourra assouvir sa soif de connaissance. Une vie ne suffirait pas pour embrasser l’Asie mineure et sa géographie. Avant d’être Turque, elle était le territoire des Byzantins, Arméniens, Georgiens et de clans (...)
J’aimerais ici évoquer et commenter les échanges que j’ai eus tout au long de mon voyage dans l’Est de la Turquie avec les Français avec lesquels je suis partie, à savoir seize personnes, dont plusieurs enseignants, en activité ou à la retraite. Pour la plupart, ces personnes avaient déjà voyagé en Turquie et connaissaient l’Ouest du pays.
A ma grande surprise, j’ai dû constater que la majorité de ces personnes étaient plutôt opposées à l’adhésion turque. Je pensais naïvement que des gens qui avaient (...)
Une méconnaissance profonde
Ces positions et cette imbrication de nos destins ne laissent pas les peuples indifférents à l’autre. Cela rappelle l’incompréhension d’un siècle entre l’Allemagne et la France puis le fait que ces deux pays ont été le moteur principal de la communauté européenne pendant 30 ans. Entre l’Europe et la Turquie, il semble exister un fossé d’incompréhension, généralement dû à la méconnaissance et la peur mutuelles dues à des raisons historiques. Certains Européens ne comprennent pas (...)
Les ottomans s’installent, s’étendent et s’endorment
La Turquie, en partie peuplée de Celtes il y a 2500 ans, est devenue colonie perse, grecque puis romaine, comme en témoignent les nombreux vestiges présents. L’empire byzantin a survécu à la chute de l’empire romain et les Chrétiens d’Orient ont fait de l’ancienne Asie mineure leur bastion oriental, Byzance étant le joyau. Ce territoire a été peu à peu envahi par les habitants des steppes de l’Asie centrale au premier millénaire (l’embryon turc). Ces (...)
François 1er est le premier chef d’état français à s’être allié à la Turquie. De ce fait, les français jouirent dans l’empire Ottoman pendant plusieurs siècles d’un régime particulier très favorable : les Capitulations.
En un sens large, on entendait par capitulations les traités qui garantissaient aux sujets chrétiens, qui résidaient temporairement ou d’une manière permanente dans les pays dits « hors chrétienté », spécialement dans les pays musulmans, le droit d’être soustraits dans une large mesure à (...)
Les Turcs de religion protestante comptent organiser une conférence pour améliorer l’image du pays, après une série d’attaques contre des chrétiens, l’année dernière.
Ertan Cevik, président de l’Association des Églises baptistes de Turquie, espère rassembler les représentants des communautés chrétiennes de 120 pays, lors d’un congrès qui aura lieu à Izmir, au bord de la mer Égée, dans le but d’améliorer l’image de la Turquie, après les assassinats de clercs qui ont eu lieu le pays.
Selon Cevik, les Turcs (...)
Mettons qu’en Turquie, le blanc soit blanc et le noir soit noir. Que l’AKP (parti gouvernemental) soit un affreux parti islamiste avec un « agenda caché » et que le CHP (parti de gauche kémaliste) et le président Sezer soient de farouches défenseurs de la laïcité.
On pourrait penser que la laïcité, c’est la religion tenue à l’écart de l’Etat, et de fait une égalité de traitement des religions par l’Etat. Enfin c’est comme ça que j’aurais tendance à le comprendre.
Donc, en toute logique, les minuscules (...)
Source : Le Monde, le 19-04-2007
La ville anatolienne de Malatya avait déjà donné à la Turquie un anti-héros, Ali Agça, l’homme qui a tiré sur Jean Paul II en 1981. Elle avait vu naître un homme courageux, le journaliste d’origine arménienne Hrant Dink, assassiné le 19 janvier par un jeune nationaliste venu de Trabzon. Mercredi 18 avril, elle a été le théâtre d’un triple assassinat particulièrement choquant, celui de trois chrétiens évangéliques égorgés dans une maison d’édition qui publie des bibles (...)
Le Monde - 29/11/2006
Le chauffeur de taxi prié de conduire son client au quartier stambouliote du Phener, siège du patriarcat orthodoxe de Constantinople, répond : « Ah oui, vous voulez dire le Vatican ! » Il n’y a pas trace d’ironie dans sa voix, ni d’ailleurs de désapprobation.
Simplement, l’accusation martelée ici par les milieux nationalistes, selon lesquels le patriarcat « veut devenir un Etat dans l’Etat, comme le Vatican », a fait mouche. La question fut d’ailleurs posée, mardi 28 novembre, à (...)