Ils ne veulent être ni les instruments de la mondialisation, ni des pions dans un combat identitaire. C’est l’émergence d’une population préoccupée par des valeurs morales, d’acteurs sociaux non liés à une structure de pouvoir. Et c’est ainsi que Gezi est devenu rapidement un mouvement œcuménique, conforme au message clamé lors des obsèques de Hrant Dink.
[Ce texte est destiné à une manifestation toulousaine, « La Turquie de Gezi Parkı. Quatre jours pour comprendre le soulèvement populaire du printemps (...)
Économiste et politologue, Ahmet Insel enseigne à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et à l’Université de Galatasaray à Istanbul. Il est l’un des fondateurs de la maison d’édition Iletişim, qui publie depuis 1992 les œuvres d’Orhan Pamuk. Il est entre autres l’auteur, avec Michel Marian, de Dialogue sur le tabou arménien (Paris, Liana Levi, 2009)
Allan Kaval, qui a réalisé cet entretien, est journaliste indépendant.
La lutte pour le pouvoir
Quelle est l’histoire des relations entre l’AKP et le (...)
En Turquie, la victoire du Parti pour la justice et le développement (AKP) aux élections municipales du 30 mars représente un succès personnel pour son leader, le premier ministre Recep Tayyip Erdoğan. Ce dernier avait choisi de politiser le scrutin en utilisant des thèmes nationalistes. Mais cette stratégie le met en porte-à-faux avec les Kurdes, dont il recherche les soutiens pour la prochaine élection présidentielle.
La stratégie offensive du premier ministre Recep Tayyip Erdoğan lors de la (...)
Quand le gouvernement turc a été sollicité pour intervenir pour le libération de Sevil Sevimli, il s’est retranché derrière une prétendue « indépendance de la justice ».
Cet article montre que l’autonomie du pouvoir judiciaire est très relative en Turquie et que, lorsqu’il s’agit de sujets sensibles pour lequel l’état ne tolère pas de discussion, il sait passer outre les prérogatives de la justice et même celles du parlement en leur donnant des « consignes » sans se soucier le moins du monde de leur (...)
Une délégation du CHP a rencontré une délégation de l’AKP au siège de ce dernier à Ankara, le 6 juin, pour débattre de la question kurde. Cette rencontre fait suite à une initiative récente du CHP. Le 29 mai, alors que la polémique déclenchée par les propos du ministre turc de l’Intérieur, Idris Naim Şahin, sur l’affaire d’Uludere atteignait son paroxysme, le principal parti d’opposition avait proposé un plan en 6 points pour trouver une solution à la question kurde ou tout au moins calmer la tension ambiante. (...)
Dans le cadre de l’opération policière contre le KCK (Union des communautés du Kurdistan), la police turque a arrêté le 28 octobre 2011 à Istabul, Ragip Zarakolu, proéminent défenseur des droits de l’Homme et directeur de la maison d’édition Belge. Zarakolu est également président du Comité de liberté de publication de l’Association des éditeurs de Turquie.
Son fils, Deniz Zarakolu, éditeur de la Maison d’édition Belge, avait déjà été mis en état d’arrestation le 4 octobre 2011 à Istanbul.
La Maison (...)
À l’issue des élections législatives du 12 juin 2011, qui ont permis à l’AKP d’être reconduit à la tête du pays pour la troisième fois consécutive (cf. notre édition du 13 juin 2011), le temps est venu d’analyser la portée d’un résultat finalement plus complexe qu’il n’y paraît.
À bien des égards, le parlement 2011-2015 ressemblera beaucoup au parlement 2007-2011, avec un peu moins de députés AKP et MHP, et un peu plus de députés CHP et BDP. Cette structure quadripartite, comportant deux formations dominantes (...)
Le YSK (Yüksek Seçim Kurulu – Conseil supérieur des élections), qui est chargé de superviser le déroulement des prochaines élections législatives en Turquie, a fait savoir, le 18 avril, au soir, qu’il rejetait 12 candidatures indépendantes, dont 7 déposées par des personnalités kurdes proches du BDP (Barış Demokrasi Partisi, Parti pour la Paix et la Démocratie), les autres étant le fait de personnes proches de l’ÖDP (Özgürlük ve Dayanışma Partisi – Parti de la liberté et de la Solidarité – gauche (...)
Le gouvernement turc est-il en train de relancer de façon significative la recherche d’une solution politique à la question kurde ? La semaine dernière, le vice-premier ministre, Cemil Çiçek et le ministre de la justice, Sadullah Ergin ont rencontré des dirigeants kurdes du parti parlementaire BDP, réputés pourtant proches du PKK, en particulier Selahattin Demirtaş, qui, à l’issue de cette réunion, a évoqué l’existence d’une « atmosphère positive ». Au cours du week-end, le premier ministre, tout en (...)
Le mardi est en Turquie, comme l’on sait, le jour de la réunion des groupes des formations politiques qui sont représentées au Parlement. Les réunions, qui se sont tenues le 15 juin, ont donné lieu à un sévère affrontement entre l’AKP et le BDP.
Recep Tayyip Erdoğan a en effet mis en cause le parti kurde, en lui reprochant d’avoir des liens avec le PKK. Mais il a aussi accusé les municipalités du BDP, dans le sud-est, de décourager les investissements et de refuser en particulier le soutien du TOKI (...)