Environ 500 journalistes turcs ont manifesté jeudi dans le centre d’Istanbul pour appeler le gouvernement à suspendre l’entrée en vigueur, prévue le 1er avril, du nouveau code pénal, critiqué pour certaines dispositions allant contre la liberté de presse.
Certains manifestants portaient des menottes, d’autres s’étaient bâillonnés ou attachés les jambes par des cordes.
Les participants ont emprunté un parcours symbolique, depuis le siège de l’association des journalistes jusqu’au Palais de justice de la métropole, et ont baptisé leur action : « la marche pour accoutumer les journalistes à la voie du Palais de justice ».
Cette manifestation s’incrit dans le cadre d’une campagne lancée par les médias turcs pour reporter d’au moins six mois l’entrée en vigueur du nouveau code pénal, adopté en septembre 2004, afin de l’aligner sur les normes européennes. Mais les journalistes estiment qu’il contient de sérieuses restrictions à la liberté de la presse.
La réforme du code pénal figurait parmi les mesures exigées par Bruxelles comme préalables au lancement de négociations d’adhésion avec la Turquie, finalement décidé en décembre.
Selon les experts, les dispositions du code relatives aux médias comportent des termes suffisamment vagues pour permettre aux juges ou procureurs de lancer arbitrairement des poursuites et réintroduisent des peines de prison pour les journalistes, pourtant abolies lors d’une précédente réforme.
Dans une lettre adressée mercredi au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, les groupes de presse ont indiqué que le nouveau code pourrait engendrer des « procédures arbitraires (...) et bourrer les prisons de journalistes ».
Des dizaines de journalistes, d’écrivains et d’intellectuels ont été emprisonnés dans le passé en Turquie pour avoir exprimé leurs opinions.