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Les Européens plus favorables à l’Ukraine qu’à la Turquie

vendredi 25 mars 2005, par Laure Mandeville

Le Figaro - 24/03/2005

Les Européens sont majoritairement favorables au principe d’une adhésion de l’Ukraine à l’Union élargie des Vingt-Cinq. Et ils donnent sur ce point largement la préférence aux Ukrainiens sur les Turcs.

Tels sont les résultats les plus frappants d’un sondage mené par TNS Sofres dans six pays de l’Union européenne, entre la fin février et le début mars (1). Selon cette enquête, quelque 55% des personnes interrogées en France, en Allemagne, en Espagne, en Italie, en Grande-Bretagne et en Pologne se déclarent favorables à une entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne, si « elle remplissait tous les critères d’adhésion », alors qu’ils ne sont que 45% à être favorables à la candidature turque dans les mêmes conditions. Une majorité de 53% des personnes interviewées estiment aussi que des négociations devraient être ouvertes avec l’Ukraine, « à la lumière de l’ouverture de négociations avec la Turquie » dont le principe a été décidé en décembre par Bruxelles.

Ces chiffres montrent à quel point la révolution démocratique orange de l’automne dernier a marqué les esprits européens, qui ont soudain pris conscience de l’existence de Kiev sur la carte de l’Europe.

C’est le think-tank européen Yes, (Yalta European Strategy), un groupe de lobbying constitué l’été dernier à l’initiative du milliardaire Viktor Pintchouk, gendre de l’ancien président Leonid Koutchma et l’un des plus puissants hommes d’affaires ukrainiens, qui a commandé le sondage. Yes ne cache pas sa volonté de promouvoir le rapprochement de l’Ukraine avec l’Union européenne, et à terme, son adhésion.

Le sondage porte à la fois sur les attitudes des Européens vis-à-vis d’une adhésion ukrainienne, russe, turque ou marocaine, un choix qui a pu, par ricochet, favoriser l’Ukraine. L’adhésion de la Turquie reste en effet un sujet controversé. La Russie n’est pas candidate, et le Maroc, situé hors d’Europe, apparaît carrément comme une hypothèse exotique.

Par ailleurs, le moment choisi pour mener ce sondage sur l’Ukraine est particulièrement porteur, puisque l’euphorie du mouvement orange n’est pas encore retombée. Il serait intéressant de réitérer l’expérience dans un an, pour vérifier si cet engouement résiste à l’épreuve des défis de l’après-révolution. Contrairement à la Turquie, très avancée dans ce domaine, l’Ukraine ne s’est pour l’instant nullement engagée dans un quelconque processus d’harmonisation de ses législations avec celles en vigueur dans l’UE.

Si l’Ukraine remporte 55% des suffrages, la Russie arrive en deuxième place avec 50%, suivie de la Turquie, 45%, puis enfin du Maroc, 35%. Une hiérarchie qui, en mettant en vedette les deux pays slaves, montre l’importance que les Européens attachent à la notion d’appartenance géographique, historique et culturelle à l’Europe. 58% des personnes interrogées estiment d’ailleurs que l’Ukraine fait partie géographiquement, culturellement et historiquement du continent européen, contre 27% qui pensent le contraire, 15% des personnes n’ayant pas d’opinion. Ces positions tranchent avec l’avis des décideurs européens, pour l’instant favorables à l’entrée d’Ankara, mais très réservés, notamment à Paris, sur les ambitions européennes de Kiev.

Parmi les pays qui, dans le sondage, se déclarent favorables en principe à une adhésion ukrainienne sous condition de respect des critères, la Pologne, voisin et protecteur politique des intérêts de Kiev, est sans surprise le pays moteur, avec 77% d’opinions positives.

En France, les partisans d’une candidature ukrainienne représentent 58% des sondés (alors que les partisans d’une adhésion turque ne sont que 37%). Italiens et Espagnols sont eux aussi très favorables à l’Ukraine, avec respectivement 62% et 60% des personnes interrogées, ce qui ne les empêche pas de soutenir les Turcs à 49%. Chez les Britanniques, les deux pays recrutent quelque 50% d’opinions favorables à l’adhésion. Seule vraie exception à la tendance générale, l’Allemagne opposée à 53% à une intégration ukrainienne et à 60% à une adhésion turque.

(1) L’étude a été réalisée par téléphone (sauf en Pologne où il y a eu face-à-face), auprès d’échantillons d’environ 1 000 personnes, représentatifs des populations nationales âgées de 18 ans et plus.

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