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Musée tapissé de drapeaux turcs, l’extrême droite autrichienne voit rouge

jeudi 10 mars 2005

AFP - 08/03/2005

Par Katinka MEZEI - L’« installation » d’un artiste germano-turc, qui a tapissé de drapeaux turcs la façade d’un musée viennois, provoque la colère de l’extrême droite associée au pouvoir en Autriche, un pays hostile à l’entrée de la Turquie dans l’Europe.

Feridun Zaimoglu, écrivain et artiste allemand d’origine turque a utilisé 420 drapeaux turcs de dimensions diverses —jusqu’à 3,70 m par 2,40 cm— pour recouvrir entièrement, de rouge avec croissants et étoiles blancs, la façade néo-baroque de la « Kunsthalle », au centre de la capitale autrichienne.

Heinz-Christian Strache, un des vice-présidents du FPOe (extrême droite), a estimé dans l’hebdomadaire « Observer » que « si nous (Autrichiens) acceptons ces développements, nous mettrons en péril la survie et la sécurité de notre identité culturelle ».

Le quotidien « Heute » (populiste) dénonce une « provocation ». « La Kunsthalle devient une tente turque », estime le quotidien ajoutant qu’avec cette « installation », qui durera jusqu’au 28 mars, « un immeuble public est ottomanisé ».
L’empire ottoman, qui a précédé la création de la Turquie moderne, a été longtemps ennemi héréditaire de l’empire d’Autriche, assiégeant par deux fois Vienne, en 1529 et en 1683.

M. Zaimoglu, écrivain et artiste allemand d’origine turque, a expliqué lundi à la presse les buts de cette « installation », intitulée de manière provocatrice « Kanak.Attack ( »Attaque de +bougnoules+« ) - La troisième occupation turque ? » : Il s’agit notamment de montrer que « la deuxième et la troisième générations de Turcs en Europe ne sont plus forcées de vivre entassées », mais qu’elles constituaient désormais une force sûre d’elle-même, « un mouvement offensif ».

« Quand le barbare entre en vainqueur dans un pays, il laisse flotter ses pavillons, signes de son pouvoir complet », a-t-il ajouté.

Pour le directeur de la « Kunsthalle », Gerald Matt, « l’exposition est un test pour la société viennoise », largement embourgeoisée, alors que Feridun Zaimoglu a admis qu’il voulait « provoquer un peu ».

L’« installation » dans l’un des musées d’art moderne situé dans le complexe baroque du Museumsquartier inaugure aussi une série de soirées, exposés et discussions sur « L’islam et l’Occident » qui auront lieu pendant une semaine dans un café littéraire de Vienne.

Ces discussions ont été lancées par le débat ayant cours en Autriche sur l’opportunité d’accepter la Turquie au sein de l’Union européenne (UE). L’écrasante majorité de la population et la quasi-totalité des partis politiques —à l’exception notable des Verts (écologistes, opposition)— y sont farouchement opposés.

En décembre, le chancelier (conservateur) Wolfgang Schuessel avait promis à ses compatriotes un référendum sur l’entrée de la Turquie dans l’UE. Cet engagement avait alors provoqué une cacophonie dans la classe politique, qui prône une association entre Ankara et l’UE.

Dans les derniers sondages, moins de 30% des Autrichiens étaient favorables à une intégration de la Turquie à l’UE.

Quelque 148.000 Turcs vivaient en Autriche pour la plupart à Vienne en 2003.

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