Logo de Turquie Européenne
Accueil > Revue de presse > Archives 2005 > 04 - Articles d’avril 2005 > La Turquie fait un pas vers la reconnaissance de Chypre

La Turquie fait un pas vers la reconnaissance de Chypre

vendredi 1er avril 2005, par Thomas Ferenczi

Le Monde - 31/03/2005

Six mois avant la date prévue pour l’ouverture des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne (UE), Ankara a fait un geste, lundi 28 mars, en acceptant d’étendre aux dix pays de l’élargissement l’accord douanier qui la lie aux quinze anciens membres de l’UE. Dans une lettre adressée à la Commission européenne, la Turquie a fait savoir qu’elle approuve le texte du protocole qui prévoit l’extension de l’accord douanier.

Cette question avait été la principale source de discorde entre Ankara et les Vingt-Cinq au Conseil européen de décembre 2004, qui avait fixé au 3 octobre l’ouverture des négociations. Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, avait alors refusé de parapher le protocole, comme le lui demandaient les Vingt-Cinq, tout en se disant prêt à le signer ultérieurement. La lettre reçue par la Commission tient lieu de paraphe, explique l’entourage du commissaire à l’élargissement, le Finlandais Olli Rehn, en attendant la signature, qui devra intervenir avant le 3 octobre.

ATTITUDE « INACCEPTABLE »

Les autorités turques soulignent avec insistance que l’extension de l’accord douanier aux nouveaux pays de l’Union, dont Chypre, ne constitue en aucune manière une reconnaissance implicite de la République de Chypre, avec laquelle Ankara n’entretient pas de relations. La Commission convient que la signature du protocole n’équivaut pas à une reconnaissance « officielle et formelle » de Chypre.

Elle considère toutefois que l’approbation donnée par la Turquie peut être interprétée comme une reconnaissance de fait. En décembre, le premier ministre néerlandais, Jan Peter Balkenende, qui assurait la présidence de l’Union, avait estimé que l’extension de l’accord douanier marquerait « une étape importante » vers une reconnaissance. Le document doit encore être approuvé par les gouvernements des Etats membres, à l’occasion d’un prochain conseil des ministres des affaires étrangères.

Le ministre turc des affaires étrangères, Abdullah Gül, a affirmé que le protocole ne s’appliquerait qu’à la libre circulation des marchandises, et non des services. La Turquie ne serait donc pas obligée d’accueillir des bateaux ou des avions chypriotes dans ses ports et ses aéroports. Krisztina Nagy, porte-parole de M. Rehn, précise que cette distinction ne figure pas dans le texte du protocole et que l’interprétation des autorités turques est une violation de l’accord douanier.

Au cours d’une récente visite en Turquie, le commissaire européen avait relevé d’autres manquements d’Ankara à son accord douanier avec l’Union européenne. Il avait jugé l’attitude de la Turquie « inacceptable » et « difficile à comprendre » de la part d’un pays qui aspire à entrer dans l’Union.

La signature du protocole n’est pas la seule condition imposée par Bruxelles à l’ouverture des négociations. Ankara doit continuer sa politique de réformes et, en particulier, mettre en vigueur six textes législatifs qui portent, pour l’essentiel, sur l’adaptation de son système judiciaire. La Commission s’inquiète du retard que prend le gouvernement turc dans l’application des nouvelles mesures. M. Rehn a jugé « compréhensible », à l’occasion de sa visite en Turquie, que celle-ci observe « une courte pause » après avoir accompli une série de réformes « audacieuses » et « significatives », mais il l’a invitée à ne pas relâcher ses efforts, souhaitant que cette politique de transformation continue « au même rythme et avec la même intensité qu’au cours des mois précédents ».

La répression brutale d’une manifestation organisée à Istanbul le 6 mars pour célébrer la Journée internationale des femmes n’a pas contribué à apaiser les inquiétudes des Européens. « Ce n’est pas bon pour la perception de la Turquie en Europe, ce n’est pas bon pour le peuple turc non plus », avait déclaré M. Rehn. L’ajournement par l’UE de l’ouverture des négociations avec la Croatie, accusée de ne pas coopérer pleinement avec le Tribunal pénal international de La Haye, a été présentée à Bruxelles comme un avertissement aux autres candidats, à commencer par la Turquie.

Télécharger au format PDFTélécharger le texte de l'article au format PDF

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0