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La Commission fait l’éloge de l’adhésion turque

Bruxelles : de notre correspondante, Alexandrine Bouilhet

vendredi 1er octobre 2004, par Alexandrine Bouilhet

Le Figaro - 01/10/2004

L’Union européenne n’a rien à craindre d’une adhésion de la Turquie. Au contraire. Les Etats membres devraient presque se réjouir de l’occasion que leur offre une telle candidature. L’entrée de la Turquie dans le club européen sera bénéfique à toute l’Union. Tel est le message rassurant que la Commission européenne adressera, mercredi prochain, aux chefs d’Etat et de gouvernement, en remettant son rapport sur la Turquie. La recommandation politique de la Commission sur l’ouverture des négociations, sera accompagnée d’une « étude d’impact » de soixante pages, dont Le Figaro a obtenu une copie.

A lire ce document, divisé en sept chapitres, et nourri de tableaux chiffrés, l’adhésion de la Turquie, aura un impact positif sur l’économie, la sécurité, et la diplomatie de toute l’Europe. « Cette adhésion est un défi autant pour l’Union que pour la Turquie », souligne le rapport, conscient des peurs soulevées par cet élargissement. « Mais si elle est bien gérée, au cours de la prochaine décennie, elle offrira des opportunités importantes pour la Turquie et pour l’Union. »

Pour la Commission, les premiers bénéfices à attendre de l’adhésion turque sont d’ordre géopolitiques. « En raison de sa taille, de sa situation géographique, de son potentiel économique et militaire, la Turquie a la capacité de contribuer à la stabilité régionale et internationale », indique le rapport. Elle garantirait d’abord la sécurité de l’approvisionnement du gaz et du pétrole du continent.

Membre de l’Otan, participant aux efforts de paix dans les Balkans et en Afghanistan, la Turquie est un acteur militaire essentiel qui permettrait de « renforcer la politique de sécurité et de défense européenne ».

En politique étrangère, domaine où l’Europe peine à se faire entendre, la Turquie, puissance régionale, apportera beaucoup. Son adhésion sera un facteur « stabilisateur » en Méditerranée, en Asie centrale, au Moyen-Orient et dans le Caucase. A l’exception du Proche-Orient, sa diplomatie dans la région « converge » de plus en plus avec celle des Etats membres. Ses intérêts régionaux rejoignent aujourd’hui ceux du continent. « Une intégration réussie de la Turquie montrera aussi au monde arabe que leurs croyances religieuses sont compatibles avec les valeurs européennes », ajoute le document.

Au chapitre économique, l’accès de la Turquie à un espace de libre circulation des biens des capitaux, des services et des travailleurs aura des effets asymétriques. L’impact lui sera très profitable, alors qu’il restera marginal pour l’Union, en raison du retard important de développement. Cet impact n’en sera pas moins positif. La Commission ne prévoit pas une arrivée massive de travailleurs turcs dans les autres Etats membres. Trois millions de Turcs vivent et travaillent déjà hors de leur pays. La croissance attendue en Turquie, les investissements étrangers, limiteront l’immigration économique. Les Etats membres bénéficieront quant à eux d’une nouvelle génération de travailleurs jeunes et qualifiés. L’essor démographique du pays, avec 80 millions d’habitants attendus en 2015, permettra de compenser le vieillissement de la population européenne.

La Commission est tout aussi optimiste sur l’intégration de la Turquie à l’espace judiciaire et policier commun. « Cela renforcera la coopération dans la lutte contre le crime organisé, les trafics, le terrorisme au bénéfice de toute l’Union », estime le rapport. Placée en première ligne pour les demandes d’asile en provenance du Caucase ou du Moyen-Orient, la Turquie jouera un rôle de tampon bien commode pour les Etats membres. La Commission estime qu’elle devra recevoir une aide de Bruxelles pour compenser ce handicap. A l’instar des dix nouveaux Etats membres, la Turquie ne pourra pas entrer tout de suite dans l’espace Schengen, qui permet de voyager sans visa entre les Etats membres.

Autre assurance : le coût de l’adhésion turque restera relativement modéré pour l’Union européenne. La Commission estime entre 22,1 et 33,5 milliards d’euros le montant maximum des transferts entre Bruxelles et Ankara en 2025, soit 0,1% du PIB européen à cette date. « L’impact sera important, mais, d’ici à l’adhésion, la structure du budget européen aura sans doute changé », précise la Commission qui prévoit des « arrangements particuliers » pour la Turquie. Sur ce chapitre sensible, comme sur celui des institutions, la Commission refuse tout catastrophisme.

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