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IMPASSE - Ankara ne peut plus jouer l’Europe contre les Etats-Unis

jeudi 17 mars 2005, par Nuray Basaran

Courrier International

A l’heure du réchauffement des relations entre Washington et le Vieux Continent, l’antiaméricanisme de la Turquie ne peut que la desservir, estime Aksam.

Il est encore trop tôt pour dire quelles seront les retombées sur le plan international de la visite du président Bush à Bruxelles. Les retrouvailles transatlantiques réchaufferont-elles les relations entre le Vieux Continent et le Nouveau Monde, qui se sont tendues à la suite de la guerre en Irak ? Leurs répercussions auront en tout cas une importance certaine sur la politique globale.

La Turquie, membre de l’OTAN et présente à la réunion, figure parmi les premiers pays concernés par la tournure que prendront les relations transatlantiques. Elle se trouvera face à la nécessité de recentrer sa politique étrangère fondée sur un axe Union européenne et/ou Etats-Unis.

Tout le monde sait que la Turquie a reçu le soutien actif de Washington jusqu’à la décision du 17 décembre concernant l’ouverture des négociations pour son adhésion à l’UE. Cet appui a même fini par irriter certains leaders européens. Après quoi Ankara a fait comprendre qu’il allait désormais traiter avec ses futurs partenaires de l’UE, sans avoir besoin d’intermédiaires.

Aujourd’hui, on voit clairement que les Etats-Unis et l’UE ne sont pas deux choix différents. Pourtant, les dirigeants turcs, de toute évidence, continuent de penser qu’ils ont devant eux une alternative. Le jour où Ankara s’apercevra de l’intensification de la coopération entre la troïka France - Royaume - Uni - Allemagne et les Etats-Unis, il sera trop tard.

Pendant la guerre en Irak, la Turquie a eu la réaction la plus sévère envers les Etats-Unis. [Le Parlement a rejeté la demande américaine de transiter par le territoire turc, malgré la promesse de plusieurs milliards de dollars.] Le gouvernement turc s’est éloigné de la Maison-Blanche, se mettant ainsi au diapason de sa propre opinion publique et pensant séduire aussi l’Europe.

A un moment où l’on chuchote dans les coulisses au sujet de “la possibilité d’élections anticipées en Turquie”, il est compréhensible que l’AKP [parti islamique au pouvoir] se remette à chercher le soutien le plus large chez les électeurs [en adoptant des positions antiaméricaines]. C’est logique du point de vue des intérêts de ce parti, mais cela l’est-il dans l’intérêt de la Turquie ?

Alors que la coopération entre l’UE et les Etats-Unis se renforce et avance pour produire des résultats tangibles des deux côtés, la Turquie poursuit a contrario une politique étrangère plus proarabe que les Arabes eux-mêmes, plus tiers-mondiste que les pays du tiers-monde. Il est à craindre que cette ligne de conduite n’aboutisse à terme à une impasse et qu’elle ne déclenche une suite de crises bouleversant les équilibres intérieurs du pays.

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