Depuis la libéralisation des années 80-90 amorcée pour satisfaire aux exigences des milieux économiques, la société turque est en mutation rapide.
La soif de démocratie soutenue par une intelligentzia de plus en plus contestataire et les exigences de l’Union Européenne mettent à mal les dogmes de la forme fondamentaliste de la pensée kémaliste pronée par un establishment qui s’assimile de plus en plus au « derin devlet » (Etat profond).
Les coups d’état des années 70-80 ont empèché l’émergence d’une alternative politique sociale-démocrate en faisant fuir les élites de gauche. Si tant est qu’aujourd’hui, face à l’AKP d’Erdogan, il n’y a plus d’opposition crédible, surtout depuis que le CHP à été annihilé par Deniz Baykal, qui, d’un parti progressiste a fait un parti ultra convervateur proche des visions de la partie la plus autoritaire de l’état major.
Aujourd’hui, certains semblent prèts à tout pour faire chuter l’AKP sous le prétexte affiché de la réislamisation de la société. La raison réelle est plus complexe et mèle la perte de privilèges des acteurs de l’état (armée, police, hauts fonctionaires, élus) et l’angoisse de s’affranchir de la société paternaliste et autoritaire pour un avenir rempli d’incertitudes.
La Turquie est sur le fil, l’Europe a, et aura, une réelle influence sur le choix du côté ou elle choisira de descendre. Les articles qui suivent vous aideront à mieux comprendre la révolution silencieuse en cours.
Dix jours après l’évacuation par la force du parc Gezi, la Turquie se trouve dans une situation étrange. Pour Erdoğan, la neutralisation du centre névralgique de la contestation devait constituer l’ultime étape du rétablissement de l’ordre. Une fois les centres-villes du pays reconquis, la terreur d’État ferait son œuvre, et chacun rentrerait chez soi ou retournerait au travail. Terreur d’État il y a bien eu. Le gouvernement a fait savoir que les manifestants seraient désormais traités « comme des (...)
Si les négociations se débloquent petit à petit, le pays a encore un long chemin à parcourir avant de faire partie du club des pays européens. Au même titre que les projets d’unions politique et militaire, l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne (UE) constitue un des serpents de mer de l’histoire communautaire. Il y a plus de cinquante ans que la Turquie tente de se rapprocher de son voisin occidental, elle qui a un pied à l’Ouest, l’autre en Asie. Dès 1963, le pays a signé un accord (...)
A tous ceux qui cherchent une filiation du mouvement actuel avec quelque “printemps arabe”, je demande s’ils ont observé un phénomène comme celui que je décris ci-après en Libye, en Égypte ou même en Tunisie. « L’empire de la peur s’est écroulé, le mur de la peur est tombé », écrit Füsun Özbilgen ce matin 5 juin sur bianet.org.
Février 1997, un précédent ?
Les gens sont dans la rue, et à la maison ils retrouvent un mode de protestation qui était né en février 1997. Le mouvement s’appelait « Sürekli aydınlık (...)
L’évacuation violente, samedi soir, des occupants de la place et du parc d’Istanbul symbole de ces jours de révolte marque-t-elle le début ou la fin d’un mouvement contre la politique islamiste du gouvernement ?
« Ils interviendront ce soir. Les manifestants de Gezi n’auraient pas dû reconduire le mouvement. Pas la peine de jouer avec le feu. Il y aura une opération de police ce soir ou cette nuit, j’en suis presque sûr. »
L’homme qui fait ce pronostic ce samedi 15 juin vers 17h, place Taksim, n’a (...)
Pour l’universitaire et éditorialiste Ahmet Insel, les événements montrent qu’une nouvelle génération a « pris goût au souffle de la liberté ».
Vous avez dit que la mobilisation actuelle à Istanbul incarnait la « nouvelle Turquie » et que le Premier ministre incarnait, quant à lui, la « Turquie ancienne ». Pouvez-vous nous décrire cette « nouvelle Turquie » ?
Ahmet Insel La nouvelle Turquie est en quelque sorte le résultat des mesures politiques et économiques adoptées depuis dix ans par le Premier ministre (...)
Monsieur le Premier ministre, nous te devons tant de remerciements. Tu as beau ne pas l’avoir voulu, voire même avoir souhaité tout le contraire, te voilà devenu notre sage-femme en chef. Tu as été « l’accoucheur » de la Société civile de Turquie. Je m’explique.
Dans un premier temps (après avoir remis l’économie sur les rails et lancé le processus de paix avec les Kurdes), tu as mis un terme à la « tutelle militaire kémaliste » qui pesait sur le pays et s’acharnait à couler tous les citoyens dans le même (...)
Je suis dans la clarté qui s’avance Mes mains sont toutes pleines de désir, le monde est beau. Mes yeux ne se lassent pas de regarder les arbres, Les arbres si pleins d’espoir, les arbres si verts. Un sentier ensoleillé s’en va à travers les mûriers. Je suis à la fenêtre de l’infirmerie. Je ne sens pas l’odeur des médicaments. Les œillets ont dû fleurir quelque part. Et voilà, mon amour, et voilà, être captif, là n’est pas la question, La question est de ne pas se rendre… Nazim Hikmet Ran
Récemment encore, (...)
Pour la revue juridique Güncel Hukuk, Begüm Baki m’avait demandé une courte participation pour un numéro spécial consacré au thème « Faire face à l’histoire et à la vérité ». Voici ce petit texte, rédigé très vite, et sans doute très contestable.
Quand je parle des problèmes que connaît la Turquie face à son passé, je sais d’avance ce qu’on peut me rétorquer : « Pourquoi ne s’occupe-t-il pas de la France et de la manière dont la France (ne) fait (pas) face à son passé ? » Depuis que je m’intéresse de près à la (...)
Paros, magazine multiculturel, a fêté récemment son premier anniversaire et invité pour l’occasion personnalités, amis et connaissances, dans un grand hôtel d’un quartier d’affaires à Istanbul.
Le blog de Nathalie Ritzmann
Elenka Eldek Çadırcıoğlu, Mayda Saris et Talin Etyemez se connaissent depuis leur jeunesse et ont grandi ensemble, Elenka et Mayda ont d’ailleurs fréquenté la même classe à Notre-Dame de Sion. Début 2011, elles décident de créer ce magazine unique en son genre qui évoque les activités (...)
« Une femme, un homme ». Rien de moins que la plus vieille histoire du monde. Depuis Adam et Eve, les remakes du feuilleton biblique se sont succédés sans jamais se ressembler. En 1997, un Québécois, divinement inspiré, crée la série Un Gars, une Fille qui décortique avec dérision les relations de couple. Le succès est tel que la matrice canadienne engendrera une vingtaine de rejetons à travers le monde. La Turquie est, grâce à la réalisatrice Müge Turalı, l’un des derniers pays en date à succomber à ce (...)
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