Dans les années 1960, les Turcs l’ont découverte comme “celle qui serrait la main des lépreux”. Vice-présidente de l’Organisation mondiale des lépreux (au sein de l’OMS), le Docteur Türkan Saylan venait de créer en Turquie une association pour l’éradication de cette maladie terrifiante.
Son but est atteint, mais le combat de cette infatigable grand-mère de 70 ans, qui a sillonné les régions les plus reculées de l’Anatolie comme jeune médecin de campagne avant d’être professeur à la faculté de médecine d’Istanbul, n’est pas terminé, loin s’en faut. Elle se bagarre contre les inégalités, contre la misère, contre l’oppression religieuse, et même contre le cancer dont elle est atteinte.
Malgré une lourde chimiothérapie, Türkan Saylan dirige activement l’une des associations les plus importantes de la Turquie, la CYDD (Soutien à la vie contemporaine), à l’origine d’une trentaine de projets à travers le pays.
Kardelenler (Les Perce-Neige) en est le programme phare : il prend en charge l’éducation de 11 000 fillettes depuis l’école primaire jusqu’à la fin de leurs études supérieures. Républicaine convaincue, Türkan Saylan estime qu’“il ne suffit pas de sauvegarder les réformes d’Atatürk ; il faut les porter plus loin. Le gouvernement actuellement au pouvoir encourage la multiplication des mosquées alors que nous avons besoin d’écoles.”