Logo de Turquie Européenne
Accueil > Revue de presse > Archives 2005 > 04 - Articles d’avril 2005 > Recep Tayyip Erdogan est critiqué par des membres de son parti et les médias (...)

Recep Tayyip Erdogan est critiqué par des membres de son parti et les médias turcs

mercredi 6 avril 2005

LEMONDE.FR | 05.04.05 | 17h39

Depuis plusieurs semaines, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, connaît un passage à vide marqué par de nombreuses défections dans son parti et une crise ouverte avec les médias.

M. Erdogan a notamment accusé les médias de faire le jeu des opposants à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne (UE). Au début du mois de mars, les médias avaient dénoncé les violences perpétrées par la police contre des femmes pendant une manifestation à Istanbul. Le premier ministre a ensuite renvoyé devant les tribunaux un caricaturiste et un magazine satirique qui l’avaient dépeint sous les traits de divers animaux.

Ces réactions ont suscité des interrogations sur la volonté maintes fois exprimée par M. Erdogan de renforcer les libertés en Turquie. Le premier ministre turc, qui a passé quatre mois en prison à la fin des années 1990 pour avoir récité un poème à connotation islamiste au cours d’un rassemblement politique, s’est souvent décrit lui-même comme une victime de mesures antidémocratiques.

« L’UE N’EST PAS UNE VOIE EN LAQUELLE ILS CROIENT »

Pour les détracteurs du gouvernement, celui-ci marque par ailleurs le pas en matière de réformes en vue d’une adaptation aux normes de l’UE, depuis que les dirigeants européens ont donné leur feu vert en décembre au lancement - dès octobre 2005 - de négociations d’adhésion avec Ankara. L’exécutif turc tarde ainsi à nommer un négociateur en chef devant mener les pourparlers avec l’UE et à mettre en application un nouveau code pénal adopté à l’automne en réponse aux demandes européennes. Les plus ardents critiques de M. Erdogan et de son Parti de la justice et du développement (AKP), une formation conservatrice issue de la mouvance islamiste, voient dans ces retards la preuve que le gouvernement n’a jamais réellement adhéré à l’idée d’une Turquie dans l’UE, qu’elle n’a défendue que par opportunisme politique.

« L’UE n’est pas une voie en laquelle ils croient », a ainsi déclaré à l’AFP Suleyman Saribas, un député qui a récemment démissionné de l’AKP. « La démocratie est le régime de la tolérance, qui leur fait défaut ». M. Saribas est l’un des treize parlementaires - dont un ministre - à avoir quitté l’AKP depuis février, accusant le parti au gouvernement de népotisme, de corruption et de manque de respect pour les opinions dissonantes. La plupart des élus démissionnaires proviennent du centre droit et n’ont rallié un AKP désireux de démontrer qu’il avait coupé les ponts avec l’islamisme qu’à la faveur des élections législatives de 2002.

Le premier ministre, évoquant « les pommes pourries du panier », a affirmé que ces défections ne l’avaient pas affecté et s’est borné à qualifier les critiques à l’encontre de son gouvernement de jalousies politiques.

L’AKP continue de jouir, selon les sondages, d’une forte popularité et dispose encore d’une majorité confortable au Parlement. Pour certains analystes cependant, les récentes défections ont peut-être mis à mal le projet d’installer ce parti comme une force incontournable sur l’échiquier politique.

« Dans une Assemblée à 550 membres, 357 sièges, c’est encore un nombre élevé, mais il est évident que la possibilité d’une hémorragie interne est apparue », a estimé l’éditorialiste Cengiz Candar dans le quotidien Tercuman. Si le parti continue de perdre des députés, le gouvernement pourrait être contraint de convoquer des élections anticipées l’an prochain, selon ce dernier.

Télécharger au format PDFTélécharger le texte de l'article au format PDF

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0