L’UMP vient de se prononcer contre l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne (UE). L’UMP valide ainsi l’attentisme du gouvernement Raffarin mais aussi celui d’une grande partie de l’opposition, tous suspendus à la publication d’un rapport technique de la Commission de Bruxelles, en décembre 2004, qui définira si la Turquie répond aux critères de Copenhague, qui incluent démocratie, économie de marché, respect des droits de l’homme et des libertés.
Dire oui ferait passer la Turquie du statut de pays-candidat à celui de pays négociant son adhésion à l’Union Européenne, alors qu’un non engendrerait sans doute la recherche d’un partenariat approfondi entre les deux parties. Mais vouloir attendre le résultat de cet « audit » n’est-il pas simplement le constat d’une carence de projet européen pour nos décideurs, quand il ne s’agit pas d’une opposition frontale à l’établissement d’un projet pour l’Europe.
L’avenir d’une citoyenneté européenne est lié au respect de l’identité culturelle et linguistique de tous, à l’application du solidarisme sur l’ensemble du territoire couvert par L’UE et la création d’un souffle épique autour et pour une identité-projet. Faute de cela, l’Europe pourrait n’être que le cheval de Troie de l’anarchie libérale d’essence anglo-saxonne.
La Turquie, pays de tradition musulmane historiquement lié au développement de l’occident, riche d’une culture laïque, est en passe d’établir une démocratie pluraliste que l’actualité irakienne valorise au plus haut degré. Ce pays peut donner à l’Europe cette conscience de se bâtir pour ses citoyens dans le respect de la diversité ethnique, culturelle, linguistique, religieuse aussi. La Turquie qui présente une économie de marché compétitive, exportatrice pour 60% dans le secteur des services contre seulement 15 % dans le secteur agricole, a une capacité avérée à se transformer : incontestablement, elle est une puissance occidentale.
La Turquie, vieille nation de tradition, n’a de cesse d’affirmer sa volonté de s’intégrer dans l’ensemble européen qu’elle a contribué à façonner. Son peuple a la capacité d’enrichir le projet d’une Europe paisible et fière d’inventer et de recruter , comme la France en son temps, ses citoyens.
Oui, par principe et au delà de la conjoncture, pour une Turquie historiquement europhile qui s’affirme clairement dans une adhésion au projet européen, dont elle renforce l’identité.