Orhan Pamuk, 53 ans, qui recevra à la Foire de Francfort le 23 octobre le prestigieux Prix de la paix des libraires allemands, doit être jugé le 16 décembre à Istanbul pour « insulte délibérée à l’identité turque » pour avoir évoqué le génocide arménien (1915-1917). Dans un magazine suisse, Pamuk, avait affirmé qu’« un million d’Arméniens avaient été tués en Turquie ». Il risque de six mois à quatre ans de prison. Très lu dans son pays où il a autant d’admirateurs que de détracteurs, Orhan Pamuk s’est attiré la foudre des nationalistes turcs pour sa défense des causes arméniennes et kurdes.
Deux textes de soutien à l’auteur du « Livre noir », du « Château blanc » ou « Neige » (lire la critique parue dans « Libération » ) circulent actuellement en France. « Les poursuites engagées contre lui par le ministère turc de la Justice sont une attaque délibérée contre toute liberté d’expression si elle s’écarte de la vérité officielle sur les pages les plus sensibles du passé. Elles sont aussi une provocation contre les Européens et leurs valeurs », selon le premier texte. Son « procès ne doit pas avoir lieu. Nous demandons aux chefs d’Etat et de gouvernement européens, qui, le 3 octobre, ont ouvert les négociations d’adhésion (de la Turquie à l’Union européenne, ndlr), d’exiger du gouvernement turc qu’il abandonne ses poursuites et cesse de se servir de son Code pénal pour imposer sa vision de l’Histoire », demande le texte. Laure Adler, Samir Amin, Michel Deguy, Alain Finkielkraut, Antoine Gallimard, Christophe Girard, Benoîte Groult, Nancy Huston, Liana Levi, Françoise Nyssen, Serge Rezvani, Jean-Marie Rouart ou Lydie Salvayre figurent parmi les signataires.