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« Les salariés veulent le modèle européen »

lundi 29 novembre 2004, par Ahmet Insel, Luc Peillon

Libération

Entretien avec Ahmet Insel, économiste, professeur d’université à Paris-I et à Istanbul

A Istanbul

Quelles seraient les effets d’une adhésion à l’Europe dans le domaine social ?

Les employeurs turcs, qu’ils soient de l’ancienne ou de la nouvelle génération, ont des comportements ultralibéraux. Les salariés du secteur informel, qui regroupe plusieurs millions de travailleurs, notamment dans les PME, en sont les premières victimes. L’Europe, sur ce point, devrait nous permettre d’avancer vers un capitalisme plus régulé. Car le modèle européen reste encore un modèle mixte, à la différence des Etats-Unis, où la dimension sociale est partie intégrante de la politique économique. C’est un modèle beaucoup plus attractif pour les salariés turcs, qui le sollicitent largement. Enfin, les syndicats attendent une vraie législation les concernant. Encore aujourd’hui, l’adhésion à un syndicat en Turquie est synonyme de licenciement. Même si, ces derniers temps, il y a des avancées au sein des juridictions prud’homales : certaines commencent à donner raison aux salariés.

Faut-il s’attendre à un flux migratoire des travailleurs turcs vers Europe ?

On a constaté qu’en période de crise la tendance au départ était très importante. A l’inverse, en situation de stabilité, les Turcs, notamment les jeunes, préfèrent travailler et vivre en Turquie. En cas de oui de l’Union, c’est un maintien des travailleurs en Turquie qui est le plus probable. Même si les jeunes auront envie d’aller voyager ou étudier quelques années en Europe, leur souhait, de toute façon, est de revenir au pays.

En cas d’échec, quelles seront les conséquences pour la Turquie ?

Je pense que ce sera une véritable douche froide pour le peuple turc. La société, dans son ensemble, islamistes compris, s’attend vraiment à un oui des Européens. La croissance économique risque également d’être freinée, mais le phénomène devrait rester limité. Socialement, enfin, alors que la situation commençait à évoluer, on peut s’attendre à une régression. Les syndicats ont d’ailleurs toujours demandé à ce que l’union sociale précède l’union commerciale.

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