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La France cherche une alternative à l’adhésion pure et simple de la Turquie

mardi 23 novembre 2004

Le Monde - 22/11/2004

La formulation exacte de cette alternative n’est pas encore arrêtée et doit être calibrée pour ne pas heurter la Turquie. Ce serait une solution si, « pour une raison ou pour une autre », l’adhésion à l’Union européenne était impossible.

La France souhaite que les dirigeants européens évoquent dans les conclusions de leur sommet de Bruxelles la possibilité d’une « alternative » à l’adhésion pure et simple en cas d’échec des négociations avec la Turquie, a-t-on appris, lundi 22 novembre, de source française.

La Commission européenne a recommandé en octobre dernier l’ouverture « sans délai » de pourparlers d’adhésion avec la Turquie, mais la décision revient aux chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, qui se réunissent les 16 et 17 décembre.

Jacques Chirac est l’un des plus fervents partisans de l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne, mais il doit tenir compte d’une opinion publique réticente et de l’opposition de membres de son parti, l’UMP, qui y sont tout à fait opposés.

LA TURQUIE REFUSE D’ÉVOQUER UN « PARTENARIAT PRIVILÉGIÉ »

L’UMP et son futur président, Nicolas Sarkozy, prônent la conclusion d’un partenariat privilégié avec la Turquie, ce qu’Ankara rejette avec force puisqu’il s’agirait d’un recul par rapport aux engagements pris. Certaines capitales cherchent à concilier les deux.

« Jacques Chirac veut que les négociations soient ouvertes avec pour objectif l’adhésion », a-t-on déclaré de source française, ajoutant que la date d’ouverture serait « fin 2005, début 2006 », afin de ne pas provoquer d’interférence avec le référendum de 2005 sur la Constitution européenne.

« Mais si, pour une raison ou un autre, ce n’est pas possible, peut-être peut-on envisager ce qu’on ferait au cas où les négociations n’aboutiraient pas », a-t-on ajouté, en soulignant que l’Autriche et les Pays-Bas souhaitaient aussi qu’une alternative à l’adhésion puisse être évoquée dans le texte.

La formulation exacte de cette alternative n’est pas encore arrêtée et doit être calibrée pour ne pas heurter la Turquie.

« Je ne sais pas quels mots on utilisera », a expliqué la source. « C’est une discussion qui commence. » Le 14 novembre, Jacques Chirac avait déjà indiqué la possibilité d’une « troisième hypothèse » entre l’adhésion pure et simple et le maintien du statut actuel des relations UE-Turquie.

Le président de la République affirmait alors : « Il y a une troisième hypothèse : c’est que dans trois ans, dans quatre ans, dans cinq ans, on s’aperçoive que certes il y a des progrès, que certes on a fait des choses, mais qu’il y a encore des obstacles qui sont tels que l’on ne les surmontera pas. A ce moment-là, il faudra trouver une autre solution, c’est-à-dire la création d’un lien suffisamment fort pour être conforme à nos ambitions de paix et de coopération, sans être l’intégration dans l’Union européenne. »

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