Logo de Turquie Européenne
Accueil > Revue de presse > Archives 2005 > 10 - Articles d’octobre 2005 > La promesse d’Europe, levier des réformes en Turquie

La promesse d’Europe, levier des réformes en Turquie

dimanche 16 octobre 2005

Le Figaro

par Douglas Alexander

L’ouverture de ces négociations viendra alimenter la dynamique des réformes politiques et des restructurations économiques dans le pays, et aiguillonner les efforts engagés pour résoudre les tensions et conflits nés de la situation à Chypre. Si nous n’en avions pas décidé ainsi, la crédibilité de l’Union s’en serait trouvée sérieusement entamée.

La Turquie revêt une importance stratégique capitale du fait de sa situation géographique. Elle est un partenaire indispensable dans la lutte contre le trafic de drogue, contre la criminalité transfrontières et contre le terrorisme international. Elle est un des pays d’Europe qui connaît le plus fort taux de croissance et elle représente déjà un débouché important pour les pays de l’Union. Pour dire les choses simplement, elle rendra l’Union européenne plus forte, plus sûre et plus compétitive.

La seule perspective d’adhérer à l’Union a entraîné des bouleversements spectaculaires dans le pays. Il n’aurait jamais pu être question d’une éventuelle adhésion sans que les critères politiques stricts de Copenhague soient réunis. Le premier ministre Erdogan a pris des décisions difficiles mais nécessaires en mettant en œuvre son ambitieux programme de réformes - qui commence à porter ses fruits. Il a notamment aboli la peine de mort, et pris des mesures allant dans le sens d’un respect plus scrupuleux des droits de l’homme et de l’État de droit. Pour autant, nous savons - comme nos partenaires turcs - que beaucoup reste à faire. Nous savons aussi que les choses prendront du temps et que nous ne pouvons pas préjuger du résultat.

La Turquie doit aligner sa législation sur celle de l’Union européenne. C’est un énorme chantier, qui compte 35 chapitres, dont chacun devra avoir été traité de A à Z avant de pouvoir être refermé. Il va de la justice et des affaires intérieures à la politique économique en passant par l’environnement. C’est la Commission qui sera en charge des négociations et qui en garantira la rigueur. Il lui reviendra de s’assurer que la Turquie répond bien aux exigences voulues - mais aussi que les exigences en question n’ont rien d’exorbitant et correspondent bien à celles auxquelles devront se plier les autres pays candidats.

Nous nous lançons dans une immense entreprise, tant du point de vue de l’Union que de la Turquie. Le chemin parcouru et les étapes qui restent à franchir au cours des dix années à venir enverront un double signal fort sur le plan politique. Et d’abord, au moment où certains considèrent comme inéluctable un choc des civilisations, la preuve que, pour l’Union européenne et pour nos amis turcs, les différences de religion et de culture ne sont pas un obstacle au partenariat.

Ensuite, comme en témoignera la vitalité propre de la Turquie, c’est aussi la preuve, pour ceux qui prétendent que l’Union fait de l’impérialisme culturel et cherche à aliéner ses voisins en leur imposant ses valeurs, qu’elle n’a pas cette volonté hégémonique. La Turquie sera l’exemple vivant de ce que les réformes en cours, porteuses de stabilisation du pouvoir politique, d’innovation, de croissance et d’investissement, et synonymes de recul de la corruption et de la violence séparatiste, peuvent être menées à bien sans entamer ni atteindre les particularismes nationaux du pays qui en fait l’objet.

L’Union n’impose rien à la Turquie. C’est la Turquie qui est résolue à mener à bien ce chantier, sachant que ce sera pour le plus grand bénéfice de son peuple. N’allons pas nous imaginer qu’elle aurait engagé ces réformes avec autant de diligence et de célérité et que son gouvernement s’y serait investi de la sorte si la perspective de l’adhésion pleine et entière à l’Union n’avait pas servi d’aiguillon.

Nous voulons avoir pour voisin une Turquie prospère, démocratique et stable. Nous voulons voir les autres pays de la région emprunter eux aussi la voie de la réforme et du développement économique. Et nous voulons voir la Turquie, le jour où elle aura rempli les conditions requises, prendre place parmi nous au sein de l’Union européenne.

* Ministre britannique délégué aux Affaires européennes.

14 octobre 2005

Télécharger au format PDFTélécharger le texte de l'article au format PDF

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0