Superbe coup double de la FRA.
Dans un premier temps, Mourad Papazian, « Président pour l’Europe de la FRA-Dachnaktsoutoun » (FRA pour Fédération Révolutionnaire Arménienne) annonce que son parti va présenter ses propres listes aux européennes et s’en explique longuement (voir Nouvelles d’Arménie, n°89, septembre 2003, interview par Ara Toranian).
Objectif affiché : obtenir du Parti socialiste la « mise en position d’éligibilité sur ses listes d’un candidat français d’origine arménienne ». Or, le PS renâcle. D’où la présentation de deux listes : l’une dans la région Paca Rhône-Alpes Corse et l’autre en Ile-de-France. Argument : « Bien que considérée comme une communauté modèle, (la communauté arménienne) n’obtient malheureusement pas la reconnaissance qu’elle mériterait sur le plan de la représentation politique ».
Autre argument : Nous sommes en désaccord avec les position du PS sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne« Le Président Papazian n’a qu’une parole : »Nous avons pris cette décision pour aller jusqu’au bout. Nous ne refusons pas, cependant, le dialogue ni avec le PS, ni avec les Verts, ni avec l’UDF ou l’UMP"
La bonne nouvelle de la tension/rupture entre la FRA et le PS est adressée à l’UMP de deux façons. En interne,via un membre arménien important désormais proche de Sarkozy après l’avoir été de Chirac. En substance : le vote arménien peut être raflé si l’UMP fait un geste fort en direction de cet électorat.
Simultanément, la pression est mise par les militants de la FRA via des coups de fils et des e-mails à la permanence téléphonique de l’UMP. L’affaire est rondement menée. L’UMP, par l’odeur alléchée, annonce officiellement qu’elle s’opposera à l’adhésion de la Turquie. Tout bénef : l’UMP va piquer des voix à de Villiers et récupérer les voix arméniennes égarées au PS et au PC. Sans même devoir céder un siège en position d’éligibilité.
Dès que l’UMP s’est engagée noir sur blanc, la FRA retrouve le chemin de la rue de Solferino et Mourad Papazian se souvient qu’après tout son parti est membre de l’Internationale socialiste.
Ce jeudi 3 juin 2004, communiqué du PS :
A la veille des élections européennes du 13 juin 2004, le Bureau national du Parti socialiste et le Comité central de la FRA Dachnaktsoutioun, Parti socialiste arménien, membres de l’Internationale socialiste, réaffirment leur profond attachement à une Europe démocratique et sociale, garante des valeurs éthiques et morales dont les Etats membres se doivent d’être, individuellement et collectivement, les dépositaires vigilants et intransigeants. (... la suite si le cœur vous en dit sur le site du PS)
Dans cette perspective et au vu des relations fraternelles entre le Parti socialiste français et la FRA Dachnaktsoutioun, nous appelons l’ensemble des électeurs à porter leurs suffrages sur les candidats socialistes aux élections européennes du 13 juin prochain.
Valeurs éthiques et morales, relations fraternelles...
A l’évidence, les Turcs n’ont pas encore une aussi parfaite maîtrise des rouages de la démocratie
Communiqué complet du PS :
Déclaration commune du Parti socialiste et de la FRA Dachnaktsoutioun
A la veille des élections européennes du 13 juin 2004, le Bureau national du Parti socialiste et le Comité central de la FRA Dachnaktsoutioun, Parti socialiste arménien, membres de l’Internationale socialiste, réaffirment leur profond attachement à une Europe démocratique et sociale, garante des valeurs éthiques et morales dont les Etats membres se doivent d’être, individuellement et collectivement, les dépositaires vigilants et intransigeants.
Fidèles aux principes éthiques fondateurs de l’Europe, le Parti socialiste et la FRA Dachnaktsoutioun considèrent que l’Europe est avant tout un projet politique et l’appartenance à une communauté de valeurs fondées sur la démocratie et les droits de l’homme et non sur des critères religieux. Dans cet esprit, respectueux des engagements souscrits par l’Union européenne, le Parti socialiste et la FRA Dachnaktsoutioun considèrent que l’ouverture des négociations d’adhésion avec la Turquie est soumise au respect des critères de Copenhague et de la résolution du Parlement européen du 18 juin 1987.
Même si des réformes ont été adoptées par Ankara, elles demeurent largement insuffisantes au regard des standards démocratiques de l’Union européenne. La nature du régime politique dans lequel les militaires continuent d’occuper une place centrale dans l’exécutif n’est pas conforme aux principes démocratiques de l’Europe, les droits des minorités, kurdes notamment, ne sont pas encore reconnus et garantis.
L’une des exigences fondamentales pour nous est la reconnaissance du génocide arménien. Nous estimons que la reconnaissance de ce crime contre l’humanité est une exigence morale et politique qui contribuera aussi à la réconciliation des peuples de la région. La Turquie doit accomplir ce travail de réflexion et de mémoire, indispensable à un Etat démocratique. Pour nous, c’est une condition de l’ouverture des négociations d’adhésion à l’Union européenne.
Nous tenons à rappeler que c’est à l’initiative du groupe parlementaire socialiste que l’Assemblée nationale a adopté, à l’unanimité, le 29 mai 1998, une proposition de loi affirmant la réalité du génocide arménien, avant qu’au terme de son processus législatif, la loi soit définitivement adoptée en janvier 2001. Nous rappelons également que c’est sous l’impulsion de socialistes qu’a été votée par le Parlement européen, le 18 juin 1987 à Strasbourg, la résolution « Pour une solution politique au problème arménien », subordonnant l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne à la reconnaissance du génocide arménien, à l’évacuation des forces turques de Chypre, au respect des droits de l’homme et des minorités de Turquie, kurdes notamment. Le Parti socialiste qui a toujours soutenu les résolutions rappelant le vote du 18 juin 1987 déposera une proposition de loi sanctionnant la négation du génocide arménien.
Le Parti socialiste et la FRA Dachnaktsoutioun appellent les autorités turques à reconnaître ainsi officiellement le génocide dont le gouvernement ottoman s’est rendu coupable à l’encontre du peuple arménien.
Dans cette perspective et au vu des relations fraternelles entre le Parti socialiste français et la FRA Dachnaktsoutioun, nous appelons l’ensemble des électeurs à porter leurs suffrages sur les candidats socialistes aux élections européennes du 13 juin prochain.
Mourad PAPAZIAN - Président de la FRA Dachnaktsoutioun
François HOLLANDE - Premier Secrétaire du PS