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VGE : son non à la Turquie nuit à son oui à la Constitution

jeudi 6 janvier 2005, par Vanessa Schneider

Libération - 05/01/2005

Paradoxal VGE. A force d’agiter le chiffon rouge de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, Valéry Giscard d’Estaing ne met-il pas en danger le référendum sur l’adoption de son bébé, la Constitution européenne ?

A deux reprises depuis vendredi, et au risque d’agacer ses collègues du Conseil constitutionnel par ses manquements répétés au devoir de réserve, il s’est déchaîné sur ce sujet. Il a ainsi estimé qu’il fallait « clarifier la position française [sur l’entrée de la Turquie] avant le référendum » qui se tiendra avant l’été. « La seule position cohérente, c’est d’être pour la Constitution parce que l’Europe ne peut pas fonctionner [...] dans l’état actuel de ses institutions », a-t-il expliqué, ajoutant que « l’Europe que nous voulons organiser ne peut pas admettre en son sein un Etat non européen ».

L’ancien président de la Convention sur l’avenir de l’Europe a également insisté sur le fait que la France, un des pays fondateurs de l’UE, « aura 50 % de moins de droits de vote que le nouvel entrant, c’est-à-dire la Turquie ».

Pronostic réservé. Un discours anxiogène qui pourrait bien avoir pour effet de mobiliser les anti-Turcs contre le référendum sur les institutions. D’autant plus qu’il n’est pas le seul à appuyer là où ça fait mal. François Bayrou, son successeur à la tête de l’UDF, et également ardent défenseur de la future Constitution, n’a pas non plus de mots assez durs pour critiquer l’adhésion turque. Un de ses proches, le député européen Jean-Louis Bourlanges a, lui, carrément un pronostic « plutôt réservé » sur le résultat du référendum sur la Constitution, en raison de la décision sur l’ouverture de négociations d’adhésion de la Turquie. « Le parti du oui est fondamentalement fragilisé par une décision qui change la nature même de l’UE », a-t-il assuré dans une tribune publiée la semaine dernière dans le Figaro.

« Arrière-pensées ». Plutôt que de se contenter de défendre la Constitution en remettant à plus tard le débat sur la Turquie, Giscard et Bayrou semblent bien décidés à parler des deux sujets jusqu’au bout. « Son discours est très cohérent, souligne un proche de Giscard, il pense vraiment que la question turque peut polluer le débat sur les institutions et c’est pour cela qu’il demande des clarifications. » Avant d’ajouter : « Mais on peut supposer qu’il a également des arrière-pensées. » Comme de vouloir mettre des bâtons dans les roues de Jacques Chirac, son vieil ennemi. A Matignon où on le connaît bien, le « oui mais » de Giscard n’étonne guère : « Il dit oui à l’Europe mais non au Président, même si c’est un peu irresponsable. » L’ex-Président n’a jamais manifesté beaucoup de considération envers celui qui occupe désormais l’Elysée. Et la turcophilie de ce dernier l’exaspère au plus haut point. Lundi, Valéry Giscard d’Estaing n’a pas daigné se montrer lors de la cérémonie des voeux du Conseil constitutionnel en présence du président de la République.

« Calendrier dingo ». Il est sur ce terrain-là en parfaite osmose avec François Bayrou qui a profité du positionnement du chef de l’Etat pour lui taper dessus à bras raccourcis. Le patron des centristes, toujours en quête d’une posture de rupture, a saisi l’occasion du débat à l’Assemblée le 21 décembre pour fustiger une démocratie française « concentrée, verrouillée et sans contre-pouvoir ». Pour l’UDF, si le non l’emporte lors du référendum, Jacques Chirac n’aura qu’à s’en prendre à lui-même. « Le risque, c’est lui qui l’a pris en décidant ce calendrier dingo qui consiste à tout aborder dans la même séquence », tonne la députée européenne Marielle de Sarnez, bras droit de François Bayrou. « Chirac a joué avec le feu. » Et tant pis si tout le monde se brûle avec lui.

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