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Vaste opération en Europe contre les dirigeants d’un réseau d’immigration clandestine

vendredi 16 décembre 2005

LEMONDE.FR 15/12/2005 - 18h07

Cinq pays ont mené la plus vaste opération de police jamais organisée en commun contre l’immigration illégale en Europe, mardi 13 et mercredi 14 décembre. Menée par la France, la Grande-Bretagne, la Grèce, l’Italie et la Turquie, cette opération a permis l’arrestation de 53 dirigeants ou animateurs présumés de cette filière qui acheminait depuis des années des milliers de clandestins notamment vers Calais, où des passeurs assuraient le transit vers l’Angleterre.

« Le fait que cinq pays opèrent au même moment, à la même heure, constitue une première au niveau européen », a déclaré le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, lors d’une conférence de presse commune jeudi 15 décembre avec des policiers anglais et italiens. « Le résultat de cette opération est un message très fort pour le crime organisé qui exploite la misère humaine », a déclaré la policière italienne Elvira Castellano lors de la conférence de presse de Paris.

Les agences de l’Union européenne Europol et Eurojust ont coordonné l’opération lors de réunions menées depuis plus d’un an, a expliqué Denis Pajaud, chef de l’office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre (Ocriest). Environ quatre cents policiers ont été mobilisés en France, à Paris, Reims (Marne), Troyes (Aube) et Oyonnax (Ain), et des centaines d’autres sont passés à l’action dans les pays participant à l’opération.

L’opération avait pour nom de code « Pachtou ». Vingt-deux responsables ont été arrêtées en France - tous y étaient légalement installées -, dix-huit en Italie, sept en Grande-Bretagne, trois en Turquie et trois en Grèce. Les suspects sont visés par des mandats d’arrêt européens et pourraient donc être livrés dans un délai de vingt et un jours à la justice française, un délai exceptionnellement court. A ces chiffres s’ajoutent les arrestations de 49 clandestins dans l’agglomération de Calais et à Paris.

UNE FILIÈRE TRÈS STRUCTURÉE

Selon la justice française, le chef présumé du réseau et ses deux lieutenants ont été arrêtés sur un mandat d’arrêt européen émis par la France en Grande-Bretagne, où ont été saisis « de nombreux documents bancaires » et « du matériel de fabrication de faux documents irakiens et iraniens ». La police italienne a dit avoir arrêté à Rome un autre chef du réseau, un Kurde irakien du nom d’Ali Ako, surnommé Arsalan. « Il gérait la stratégie globale de toute l’organisation depuis la capitale », a déclaré la police italienne, selon laquelle une quarantaine d’autres suspects restent recherchés.

La filière, très structurée, organisait en Irak, en Iran et en Afghanistan le recrutement de candidats à l’immigration, souvent des Kurdes, qui devaient payer 6 000 à 7 000 euros pour leur prise en charge, selon le procureur français, ou même jusqu’à 12 500 euros, selon la police italienne.

Ils passaient par la Turquie puis l’Italie, la Grèce, la Suisse ou la Belgique avant d’arriver à Paris et de rester dans des jardins publics proches de la gare de l’Est avant de rejoindre la région de Calais et l’Angleterre. Pour ne pas être repérés, les organisateurs français étaient « repliés » à Reims, Troyes (Aube) ou Oyonnax (Ain). C’est là que les clandestins qui voulaient se réfugier dans les pays du nord de l’Europe (Belgique, Allemagne Scandinavie) étaient rassemblés. « Les organisateurs avaient fini par avoir le monopole sur le passage de clandestins vers la Grande-Bretagne toutes nationalités confondues », a indiqué Denis Pajaud.

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