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UE-Turquie : psychodrame et négociations

mardi 13 juin 2006

Source :

- France2.fr, le 12/06/2006

- Radikal, le 13/06/2006

Les 25 Etats-membres de l’UE ont surmonté leurs divergences pour lancer les négociations d’adhésion avec Ankara

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Ils ont réussi à surmonter l’opposition de Chypre et à se mettre d’accord pour ouvrir le premier des 35 chapitres thématiques qui jalonnent les négociations d’adhésion : celui sur la science et la recherche.

Les « 25 » ont aussi décidé d’ouvrir ce même chapitre avec la Croatie. Avec ce pays, les difficultés sont moindre qu’avec la Turquie.

Vis-à-vis de ce pays, ils ont lancé un sérieux rappel à l’ordre, réclamé par les autorités de la partie grecque de Chypre, entrée dans l’UE en 2004. « Un échec de la Turquie à appliquer pleinement toutes ses obligations affecterait le progrès général des négociations », ont averti les ministres des Affaires étrangères de l’UE dans une déclaration de principe. Laquelle devrait se retrouver en préambule des 34 autres chapitres.

Cet avertissement, intimement lié à la division persistante de Chypre, renvoie principalement à l’application du protocole dit d’Ankara : celui-ci étend l’union douanière entre l’UE et la Turquie aux dix Etats membres entrés dans l’UE en 2004, dont l’entité grecque de Chypre. L’île est coupée en deux depuis que l’armée turque a envahi sa partie nord en 1974, après un coup d’Etat d’ultranationalistes chypriotes grecs soutenus par la junte alors au pouvoir à Athènes. Ceux-ci voulaient rattacher l’île à la Grèce.

Malgré la signature du protocole d’Ankara en juillet dernier, les Turcs ne l’ont pas ratifié et refusent toujours l’accès des navires et avions chypriotes grecs à leurs ports et aéroports. En signant cet accord, Ankara, qui a des relations étroites avec la partie nord de l’île à population chypriote turque, avait même souligné que ce paraphe ne valait pas reconnaissance de la République de Chypre gouvernée par les Chypriotes grecs du sud, plongeant les 25 dans l’embarras.

Depuis quelques jours, Chypre avait ramené la question au cœur du débat en réclamant que les « 25 » demandent explicitement à la Turquie de reconnaître les autorités de Nicosie avant l’ouverture du premier chapitre. Une position combattue par plusieurs Etats membres, Grande-Bretagne en tête, qui ne souhaitaient pas que cette question politique réapparaisse dans un chapitre sur la science et la recherche, qui n’a rien à voir, selon des sources européennes.

Les difficultés rencontrées lundi témoignent du caractère ultra-sensible des pourparlers avec la Turquie, prévus pour durer au moins dix ans. En octobre, l’ouverture formelle des négociations d’adhésion avait déjà tourné au mélodrame. Plusieurs Etats membres, à commencer par l’Autriche, sont ouvertement hostiles à une adhésion à terme de ce pays à cheval entre l’Europe et l’Asie, et à majorité musulmane.


Quelle solidarité européenne ?

- Par Murat Yetkin, Radikal, le 13/06/2006

Traduction : Turquie Européenne

LUXEMBOURG - La colère du ministre des affaires étrangères turc Abdullah Gül n’était pas encore passée alors qu’il était déjà en vol pour Luxembourg.
L’objet de son courroux n’était pas que la partie grecque de Chypre mais bien l’ensemble des 24 autres membres qui laissèrent Chypre faire monter les enchères. Même si au final, ce sont les efforts des 24 autres membres qui eurent raison des préventions chypriotes, il avait bien fallu qu’il y eut un début.
« Il ne peut y avoir de solidarité dans l’erreur, a martelé à maintes reprises M. Gül. Il ne doit pas y avoir de solidarité dans l’erreur. Un acteur responsable se doit d’alerter ses partenaires sur les réalités. S’il en est ainsi, qu’en sera-t-il sur les grands sujets globaux qui nécessitent une grande solidarité ? Comment le monde a -t-il pris conscience de cette nécessité au lendemain du 11 septembre ? »

[...]

« Si nous ne souhaitons pas nous attaquer aux questions stratégiques, alors il nous faut dès aujourd’hui les mettre de côté. »

Le problème, au-delà de l’autorisation d’utiliser les ports et les aéroports turcs, était en fait celui de la reconnaissance. Les Grecs de Chypre, sans même laisser passer le premier chapitre des négociations, souhaitaient obtenir la promesse de se voir reconnus comme la seule autorité légitime sur l’île.

Il y avait en outre un détail politique important : le Président chypriote Papadopoulos avait prévu, sans même consulter son partenaire communiste de l’AKEL, de se séparer du chef de sa diplomatie, Yorgo Yakovu, dans l’intention de marquer un peu plus son leadership sur les affaires chypriotes. Yakovu se retrouvait donc au Luxembourg pour son dernier jour en tant que ministre des affaires étrangères et ne souhaitait pas apparaître comme le grand bradeur de la cause chypro-grecque.

A ce moment-là, l’Angleterre, l’Espagne et la Finlande notamment ont redoublé d’efforts afin d’éviter que le processus ne s’interrompe.
« Les Grecs de Chypre poussent le bouchon un peu loin, » reconnaissait un haut responsable européen.

[...]

Il semble bien que la tactique qui consiste à forcer la Turquie à reconnaître Chypre en ignorant complètement les droits des Turcs de Chypre comme celle du chantage turc à la rupture du processus, soient en fin de vie.

Autre chose en train de se développer : le regret européen d’avoir intégré la République de Chypre dans l’UE. Alors qu’il y a tant de sujets sur lesquels travailler avec la Turquie, de l’Iran à la Palestine en passant par l’Irak et les questions énergétiques, voilà Chypre qui commence à entraver ce processus. [...]

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