Le ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gül, a dit avoir bon espoir samedi que les pourparlers sur l’adhésion de son pays à l’Union européenne débutent comme prévu en octobre, malgré les critiques émises en France contre le refus d’Ankara de reconnaître Chypre.
La Turquie doit en principe entamer des négociations d’adhésion avec l’UE le 3 octobre, mais la France souhaite voir d’abord Ankara reconnaître officiellement Chypre.
Le refus des Turcs de reconnaître Chypre « pose des problèmes politiques et juridiques », a déclaré vendredi le président Jacques Chirac en recevant à Paris José Manuel Barroso, président de la Commission européenne. Le chef de l’Etat français a demandé à Ankara de clarifier sa position.
Dans sa première réaction officielle aux propos de Chirac, Gül a affirmé que la Turquie avait fait tout ce qui était nécessaire pour que les pourparlers puissent commencer.
« Les négociations commenceront (à temps). Les dirigeants de l’UE ont assez de prévoyance pour ne pas compromettre des objectifs stratégiques (...) du seul fait de quelques problèmes de politique intérieure soulevés aujourd’hui », a dit le chef de la diplomatie turque selon l’agence anatolienne de presse.
L’opinion publique européenne, particulièrement en France, est largement opposée à l’admission de la Turquie, pays musulman fortement peuplé, vaste et relativement pauvre. Son éventuelle adhésion au bloc européen n’est pas envisagée avant 2015 au plus tôt.
ESPRIT EUROPEEN
Le problème chypriote est ce qui menace le plus immédiatement les préparatifs de la Turquie pour l’UE.
Ankara ne reconnaît que la partie turque de Chypre, qui n’a pas d’existence internationale. La Turquie a signé le 29 juillet le protocole élargissant son union douanière aux dix nouveaux Etats membres de l’UE, dont Chypre, mais en affirmant dans une déclaration que cela n’avait pas valeur de reconnaissance officielle du gouvernement chypriote (grec) de Nicosie.
De l’avis de la France, Ankara doit lever les ambiguïtés nées de cette déclaration avant le 3 octobre. Pour Jacques Chirac, l’attitude de la Turquie « n’est pas dans l’esprit de ce que l’on attend d’un membre de l’Union ».
Certains commentateurs turcs craignent que la France n’insiste pour qu’Ankara reconnaisse Chypre sous peine de faire obstacle à l’ouverture des pourparlers d’adhésion.
Interrogé sur les propos du président français, Gül a dit que c’étaient les Chypriotes grecs - et non Ankara - qui avaient agi contre l’esprit européen en rejetant l’année dernière un plan de paix de l’Onu qui avait le soutien de la Turquie, des Chypriotes turcs et de l’Union européenne.
Peu après avoir rejeté le plan de paix onusien par référendum, les Chypriotes grecs sont entrés dans l’UE en tant que seuls représentants légaux de l’île dans son ensemble.
Gül doit prendre part, la semaine prochaine au Pays de Galles, à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE visant à trouver un accord sur un projet de cadre pour les négociations UE-Turquie.