L’opposition conservatrice en Allemagne, favorite des élections législatives du mois prochain, apporte son soutien au Premier ministre français Dominique de Villepin, qui juge « inconcevable » l’ouverture de négociations sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne sans reconnaissance préalable de Chypre par Ankara.
« Villepin a raison. Il est clair qu’il est difficile d’imaginer que des négociations débutent avec un pays qui n’aurait pas préalablement reconnu tous les pays membres de l’UE », a déclaré Friedbert Pflüger, porte-parole de la CDU.
Paris presse Ankara de reconnaître Chypre avant l’ouverture des négociations d’adhésion à l’Union européenne, le 3 octobre, au grand dam du gouvernement turc qui dénonce des manœuvres contraires aux engagements pris par l’UE en décembre dernier.
« La position d’Ankara n’a pas de sens et va à l’encontre de l’esprit des critères retenus pour l’ouverture des discussions le 3 octobre », a ajouté le porte-parole.
Ce dernier a par ailleurs sommé le chancelier Gerhard Schröder de prendre position sur ce sujet. « Le gouvernement allemand doit désormais dire clairement comment il compte traiter ce dossier ».
Ankara, qui ne reconnaît que la partie turque de l’île méditerranéenne, a signé vendredi le protocole élargissant son union douanière aux dix nouveaux Etats membres de l’UE, dont Chypre, mais a immédiatement souligné dans une déclaration que cela n’avait pas valeur à ses yeux de reconnaissance officielle du gouvernement de Nicosie.
La France a estimé mardi qu’une telle décision pouvait entraîner un report de l’ouverture des négociations. « Il ne me paraît pas concevable qu’un processus quelconque de négociation puisse s’ouvrir avec un pays qui ne reconnaîtrait pas chacun des membres de l’Union européenne », a déclaré le Premier ministre français.
Selon un responsable turc, les propos de Villepin violent les engagements pris par l’UE à l’égard de la Turquie et ne sont pas en mesure de bloquer ni de retarder l’ouverture des négociations d’adhésion.
« La décision (prise au conseil européen) du 17 décembre 2004 est claire, (la reconnaissance de Chypre) n’était pas une condition préalable », a-t-il dit.
Prudent, le gouvernement allemand n’a pas souhaité réagir aux propos du Premier ministre français. « La position de l’Allemagne est bien connue. Elle est fondée sur les décisions du Conseil européen de décembre 2004 », a simplement déclaré mardi une porte-parole du ministère des Affaires étrangères.