Le ministre de l’industrie, Christian Estrosi, a annoncé, jeudi 25 février dans un communiqué, avoir trouvé un investisseur turc capable d’apporter 20 millions d’euros à l’équipementier automobile Heuliez. Il s’agit d’« Alphan Manas, qui dirige le fonds d’investissement européen Brightwell », selon le ministère de l’industrie. M. Manas est un « homme d’affaires reconnu et estimé, proche des principaux groupes industriels de son pays », précise le communiqué.
Des négociations doivent s’ouvrir jeudi. « Christian Estrosi sera particulièrement attentif à ce que toutes les garanties soient apportées sur l’activité et l’emploi par cet investisseur. Il tient par ailleurs à ce que tout autre projet d’investissement sérieux puisse être examiné », poursuit le communiqué.
L’actuel président d’Heuliez, Emilio Gallucio, a confirmé « entrer ce jour en discussion exclusive » avec BrightWell sur une entrée au
capital « à hauteur de 20 millions d’euros ». Des négociations qui devraient durer une « dizaine de jours ».
ESTROSI DEMANDE À BKC DE SE RETIRER DU DOSSIER
Pour donner toutes les chances à ce projet d’aboutir, le ministre demande à nouveau à Louis Petiet, président de Bernard Krief Consulting (BKC), actuel repreneur d’Heuliez, de se retirer du dossier. « Le ministre chargé de l’industrie demande solennellement à Louis Petiet de reconnaître qu’il ne dispose pas des fonds qu’il a promis et de permettre à un nouvel actionnaire majoritaire d’apporter concrètement les moyens dont Heuliez a besoin pour réaliser ses ambitions, aux côtés du FSI et de la région Poitou-Charentes », ajoute le texte.
Heuliez emploie actuellement plus de six cents personnes et développe une voiture électrique grand public. Bernard Krief Consulting s’est avéré incapable d’injecter les 15 millions d’euros promis en numéraire pour relancer l’équipementier, provoquant la colère des salariés et des pouvoirs publics, qui l’ont définitivement écarté en début de semaine. L’assureur mutualiste Macif, dont le nom avait été un moment cité, a finalement renoncé à prendre une participation dans l’équipementier automobile de Cerizay (Deux-Sèvres).
« On reste prudents. Car nous avons connu notre lot de rebondissements », a déclaré Emile Bregeon, de la CFDT, syndicat majoritaire chez Heuliez. Pour Jean-Emmanuel Valade, délégué syndical CFE-CGC, il s’agit « d’une nouvelle encourageante, positive. Mais je reste également prudent ».
D’abord, parce qu’à l’issue de l’audit des comptes, Brightwell peut tout à fait décider de renoncer à investir dans Heuliez. Il lui faudra aussi rassembler l’argent nécessaire, lui qui - à l’instar de BKC - a pour principe de faire appel à d’autres partenaires. Il faut aussi négocier la sortie de BKC, or Louis Petiet n’a jamais renié publiquement sa stratégie. Il pourrait soit céder ses actions à un prix symbolique, soit voir sa part diluée dans une augmentation de capital.
En cas d’accord, l’investisseur turc devrait trouver à ses côtés, comme actionnaires, la Région Poitou-Charentes, qui a déjà investi 5 millions d’euros, et le Fonds stratégique d’investissement (FSI), créé par l’Etat l’an passé pour prendre des participations dans une entreprise, et qui pourrait injecter 10 millions.