Dans l’étude de l’Histoire, deux écoles s’affrontent. La première est celle des ruptures, des ruptures provoquées par des événements, des faits et des hommes et des femmes qui ont changé le cours de l’Histoire d’une société. La deuxième est celle de la continuité, qui refuse des bifurcations et qui défend que chaque fait est le fruit d’une mutation lente de la société et qu’il n’y a donc pas d’homme ou de femme providentiel. Les héros sont les fruits de leur temps.
Bien que la deuxième école soit la préférée (...)
Maintenant, c’en est assez ! Acquittez Pinar Selek une fois pour toutes !
Alors que le système judiciaire turc se retrouve au coeur d’un débat houleux remettant en cause sa légitimité, chaque jour qui passe voit l’État de droit s’effilocher un peu plus. Dernières nouvelles tombées avec le Jour de l’An : le procureur général de la Cour de cassation demande que la justice entérine la récente condamnation de Pinar Selek à la réclusion à perpétuité (verdict prononcé en janvier 2013).
Depuis des mois, l’État (...)
On ne parlait que de cela. Le samedi 16 novembre 2013, à Diyarbakır, le premier ministre turc a rencontré Mesud Barzani, président du gouvernement régional du Kurdistan d’Irak. Devant des milliers de personnes, il a plaidé pour la fin du conflit entre l’armée turque et le PKK, qui dure depuis 1984 : « Comment le Turc et le Kurde ont-ils pu se déchirer ? Le Turc et le Kurde ne doivent plus se déchirer, ils ne se déchireront plus », a déclaré Recep T. Erdoğan, évoquant la naissance d’une « nouvelle (...)
La fausse république. 51 questions sur Atatürk et le kémalisme : ce livre de Sevan Nisanyan (prononcer « Nichanian »), historien, linguiste et – entre autres - rédacteur à l’hebdomadaire arméno-turc Agos, est une remise en cause des dogmes sur lesquels reposent le kémalisme et l’histoire officielle enseignée en Turquie. L’histoire de la république, en particulier, est enseignée comme un catéchisme. C’est Mustafa Kemal lui-même qui en a fixé le récit, dans son célèbre discours-fleuve, le Nutuk, prononcé en (...)
Alors que trois journalistes, à nouveau, ont été condamnés la semaine dernière à la prison à vie (cf. Le Monde : « Ankara accroît encore la répression contre la presse »), le « procès KCK » a repris à Silivri pour une audience qui durera du 7 au 18 novembre. A titre de documentation, voici de larges extraits de la réponse d’Ayşe Berktay à l’acte d’accusation, lors de l’audience de mars 2013 de ce procès-fleuve.
« Honorables membres de la Cour, »
« J’ai adhéré au Parti de la paix et de la démocratie (BDP) en (...)
Un nouveau front vient d’apparaître dans la guerre culturelle menée par l’AKP au nom de ses valeurs conservatrices et religieuses : la mixité des résidences étudiantes.
L’AKP a tenu il y a quelques jours de cela sa 20e réunion de consultation et de réflexion dans la petite ville thermale de Kızılcıhaman dans la région d’Ankara. Selon un scénario familier à tous ceux qui s’intéressent à la politique turque, des propos tenus par le Premier ministre critiquant la mixité dans les résidences étudiantes ont été (...)
Je vous propose aujourd’hui l’article d’un ami, qui n’est ni turc, ni arménien, il réagit ici en français d’adoption qui n’accepte pas qu’on foule aux pieds les valeurs universelles qui sont nées dans nos contrées. Ce texte publié initialement sur le blog « Ecrittératures » de Denis Donikian n’évoque pas la Turquie, elle parle du comportement en France de membres minoritaires mais très actifs d’une diaspora dont la mémoire et les racines sont sur les terres d’Anatolie et que le génocide a dispersé de par le (...)
Sur les photographies de presse antérieures aux années 1990, les policiers qui interviennent contre des manifestants ont une apparence assez inoffensive, si on les compare avec leur aspect actuel. Ils ne sont pas revêtus de la tête aux pieds d’une épaisse carapace de plastique, ne portent pas de casque à visière ni de bouclier de plexiglas. Souvent, ils apparaissent en simple casquette et sanglés dans un uniforme ajusté qui ne devait pas être commode pour les affrontements. Ils sont armés d’une (...)
Le titre de docteur honoris causa (h.c.) est la distinction honorifique la plus élevée qu’une université française puisse décerner à une personnalité étrangère, sans qu’il soit nécessaire que celle-ci soit universitaire, enseignante, chercheuse ou même intellectuelle. Elle confère un certain prestige au récipiendaire, surtout si l’université qui confère le titre est elle-même prestigieuse. Inversement le talent, la notoriété de la personne qui reçoit le titre de docteur h.c. peut augmenter le renom de (...)
Le 11 novembre 2011, nous avions publié dans ces pages une analyse à chaud du « tournant liberticide turc ». En deux ans, la situation s’est aggravée, elle est devenue même intenable pour les nombreux acteurs de la démocratie en Turquie.
Déjà, en 2011, l’inquiétude était grande. Après avoir donné certains gages au processus de démocratisation réclamée par l’Union européenne, le gouvernement conservateur dirigé par Recep Tayyip Erdoğan adoptait en effet à cette période la logique nationaliste récurrente du (...)
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