Logo de Turquie Européenne
Accueil > Revue de presse > Archives 2005 > 11 - Articles de novembre 2005 > Turquie : quels avantages à l’adhésion d’Ankara à l’UE ?

Turquie : quels avantages à l’adhésion d’Ankara à l’UE ?

jeudi 3 novembre 2005

fenetreeurope.com

Quelques semaines après l’ouverture des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE, le débat se poursuit sur les capacités de ce pays à intégrer dans de bonnes conditions l’ensemble européen. La Tüsiad, l’association des industries et entreprises de Turquie, et le CEPII, le Centre d’études prospectives et d’informations internationales, ont ainsi organisé fin octobre à Paris une conférence sur l’adhésion turque. Economie, industrie, politique.., les intervenants ont fait le tour des atouts de la Turquie et des avantages qu’elle pourra offrir à l’Union.

La Turquie est-elle un pays répondant aux critères de l’UE ? Positionnement géographique essentiellement asiatique, fragilité économique, risque migratoire, lacunes en matière de droits de l’homme et de respect des minorités, religion musulmane... : les arguments des opposants à l’adhésion turque ne manquent pas. Mais pour les partisans de cette adhésion, ceux-ci ne tiennent pas et servent seulement à alimenter les craintes de l’opinion publique face à l’Europe, craintes largement exprimées lors des référendums organisés en France et aux Pays-Bas sur le traité constitutionnel européen.

S’affirmant sans détours en faveur de l’entrée de la Turquie dans l’Union, les intervenants de la conférence organisée par la Tüsiad et le CEPII ont ainsi développé les différents avantages que revêtira l’adhésion turque, balayant les convictions de ses détracteurs.

Pour Jean-François Leguil-Bayart, président du Fonds d’analyse des sociétés politiques et directeur de recherche au CNRS, la Turquie est bel et bien un pays européen d’un point de vue géographique (au même titre que Chypre et Malte qui sont des Etats membres de l’UE), qui donnera de plus à l’Union de nombreux atouts. Son adhésion offrira ainsi à cette dernière une aide démographique certaine, grâce à sa population jeune bienvenue dans une Europe vieillissante : 30% des Turcs ont moins de 15 ans.

La Turquie apportera également à l’UE divers avantages économiques. Istanbul est le principal pôle industriel du bassin méditerranéen et le pays possède un fort potentiel de croissance. Après la crise de 2001, il a enregistré en 2004 une hausse de son PIB de 9,9%, après +5,9% en 2003 et +7,8% en 2002. Le gouverneur de la Banque centrale turque, Süreyya Serdengecti, affirme que les critères de Maastricht sont désormais presque atteints, avec notamment une inflation inférieure à celle de la Roumanie. Les réformes engagées par le gouvernement portent leur fruits : grâce à une meilleure discipline budgétaire, le déficit public diminue progressivement (il devrait être de -5,1% cette année) et l’indépendance de la Banque centrale obtenue en 2001 donne davantage de crédibilité aux politiques monétaires. Le taux d’emploi dépasse en outre celui de la plupart des nouveaux Etats membres de l’UE. Le climat des affaires jouit ainsi d’un bon environnement qui attire les investisseurs étrangers, notamment les français (plus de 300 entreprises françaises se sont implantées en Turquie en 20 ans). Selon Louis Schweitzer, président du Medef international et du Conseil d’administration de Renault, qui fabrique des automobiles en Turquie depuis plus de 40 ans, le pays possède les atouts nécessaires pour devenir une grande puissance industrielle, avec une main d’œuvre compétente à tous les niveaux. Les défis sont aujourd’hui de maintenir la stabilité des prix pour atteindre une croissance durable et de continuer sans faillir les réformes structurelles. Pour Günduz Ulusoy, directeur du forum turc de Compétitivité, les entreprises devront aussi rattraper leur retard sur leurs concurrentes européennes en matière d’innovation et adopter une meilleure stratégie d’application des brevets.

Côté diplomatique, Jean-François Leguil-Bayart précise que l’adhésion turque fera de l’UE une “ puissance globale ” en envoyant un message puissant au monde arabo-musulman. Rejetant l’idée qu’Ankara est le cheval de Troie de la diplomatie américaine, il affirme que la Turquie est loin d’être le “ caniche du Pentagone ” et pourra participer à l’Europe puissance.

En outre, il considère que la dominance de l’islam est compatible avec l’Europe, cette religion se plaçant en seconde place dans de nombreux pays européens. Le risque migratoire ne serait pas non plus si important que les opposants à l’adhésion turque le prétendent : le cas échéant, le nombre de migrants turcs vers les autres Etats membres devrait être compris entre 1 et 4 millions, un chiffre raisonnablement absorbable par l’UE.

Reste à gagner la bataille de l’opinion. Il faut selon le président du Fonds d’analyse des sociétés politiques faire connaître aux Européens la “ nouvelle Turquie ”. Celle-ci doit quant à elle mieux faire connaître ses ambitions, mettre de côté sa sensibilité souverainiste à l’importance non négligeable en accentuant l’effort de réforme, et dire enfin ce qu’elle fera de et dans l’Union européenne.

Mercredi 02 Novembre 2005

Télécharger au format PDFTélécharger le texte de l'article au format PDF

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0