La plupart des partis politiques ont maintenant présenté leurs candidats pour les élections municipales du 29 mars prochain. La part des femmes n’y dépasse pas les 5%.
- ¨Müfide Ilhan, élue maire de Mersin en 1950
L’Association pour la défense et l’éducation des Femmes (KA-DER) relève que seules 18 femmes seront tête de liste pour le parti de la Justice et du Développement (AKP). Le Parti du Mouvement Nationaliste (MHP), extrême droite, en présente 35, le Parti Républicain du Peuple (CHP), le principal parti d’opposition, 46, le Parti Démocrate (DP), centre droit, 37 et le Parti pour une Société Démocratique (DTP), pro kurde, 41. Ce qui fait moins de 180 candidates pour l’ensemble des 5 principaux partis politiques.
Seulement 18 femmes sont maires
81 villes, 850 districts et 2941 communes de Turquie vont élire leur maire.
Actuellement le pourcentage de femmes parmi les maires n’est que... de 0,6% . En effet, parmi les 3225 maires de Turquie, 18 seulement sont des femmes.
4 sont des maires élues sous l’étiquette du CHP, 3 appartiennent à AKP, 3 au SHP, 1 au DYP et 7 au DTP, dont Söngul Erol Abdil maire de Tunceli. 60 ans après l’élection de Müfide Ilhan (notre image) à la tête de la municipalité de Mersin, en 1950, elle est la seule femme à être maire de capitale de province.
Ce pourcentage est resté inchangé après les précédentes élections de 1999 et de 2004. La présence des femmes dans les conseils municipaux des villes a pour sa part très légèrement augmenté pour atteindre un petit 1,81%. Dans les conseils de district le pourcentage stagne à 2,42%.
Leur représentation est un peu plus conséquente au Parlement où elles sont 9.1 % des députés élus en Juillet 2007.
Les femmes utilisées pour la campagne électorale
En période électorale, les grands partis se soucient pourtant des femmes et apprécient leur contribution. Les distributions de charbon, de médailles d’or et même d’électroménager (machines à laver, congélateurs) comme récemment à Tunceli et à Diyarbakir, de l’AKP sont régulièrement dénoncées par la presse d’opposition . Des femmes d’origine modeste sont les principales bénéficiaires de cette charité bien ordonnée, pendant que des militantes du parti se chargent de battre le voisinage pour y récolter les votes.
Le CHP quant à lui préfère présenter ses candidates dans des zones où le parti est faible. Elles servent ainsi de faire valoir au parti kémaliste sans trop risquer de bousculer la suprématie masculine.
KA-DER réclame la parité hommes- femmes
KA-DER qui milite pour une véritable implication des femmes en politique, réclame l’instauration d’un quota de 50 % de représentativité féminine. Cette revendication n’est soutenue que par le Parti pour la Liberté et la Solidarité (ODP) et le DTP qui fait aussi de la discrimination positive pour promouvoir la représentativité des femmes.
Un quota de 40% de femmes devrait être appliqué au sein des futurs conseils municipaux pro kurdes et sur les 41 candidates présentées par le parti, plus d’une vingtaine auraient de sérieuses chances d’être élues selon ses officiels, comme Ruken Yetişkin, première femme à briguer la mairie de Yüksekova, sous-préfecture de la province d’Hakkari.
41 candidates pour un parti qui ne brigue « que » quelques centaines de mairies, principalement dans le Sud-est kurde, c’est bien mieux que la moyenne. Même s’il « pourrait encore mieux faire » pour KA-DER, qui épargne cependant Ahmet Türk, le Président du DTP, dans sa dernière campagne de femmes absolument pas résignées à accepter la situation actuelle (voir la vidéo sous forme de spot publicataire de leur campagne sur le site de l’association).
Les 17 femmes élues maires le 29 Mars
Le site de KA-DER (avec actuellement un spot publicitaire décapant sur la page d’accueil)
Un article (en anglais) sur deux candidates CHP et AKP de la ville de Bursa
Sur les campagnes de KA-DER : Pas de moustache, pas de politique pour les femmes
articles originaux