La commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine a adopté jeudi 4 mars une résolution qualifiant de génocide les massacres d’Arméniens par les forces ottomanes au début du XXe siècle, en dépit des pressions de Barack Obama et d’Ankara.
Les autorités arméniennes se sont félicitées de ce vote, tandis qu’Ankara a rappelé son ambassadeur à Washington pour consultations, a annoncé le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan. Le chef du gouvernement s’inquiète dans un communiqué des conséquences de cette décision sur les relations entre Ankara et Washington et sur le processus de réconciliation avec l’Arménie. La question arménienne a déjà envenimé par le passé les relations entre Ankara et Washington ; la Turquie, membre de l’OTAN, est un relais essentiel pour les Etats-Unis dans les dossiers iranien, afghan et israélo-palestinien.
La résolution, qui parle ouvertement de « génocide arménien » conduit entre 1915 et 1923 par l’Empire ottoman, a été adoptée par vingt-trois voix contre vingt-deux. Le texte, qui n’a pas force de loi, appelle le président américain à « qualifier de façon précise l’extermination systématique et délibérée de 1 500 000 Arméniens, de génocide ». En d’autres termes, elle enjoint les autorités américaines à utiliser le terme de « génocide » à chaque fois qu’elles évoqueront le sujet. En avril dernier, Obama s’était abstenu de l’utiliser, lui préférant celui d’« atrocités ».
Soucieuse d’éviter une crise diplomatique avec la Turquie, l’administration américaine avait multiplié les efforts ces dernières heures pour que le Congrès abandonne l’idée de voter cette résolution. La secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, avait ainsi téléphoné mercredi au président de la commission pour lui expliquer qu’un tel vote « risquerait de mettre à mal le processus de normalisation des relations » entre la Turquie et l’Arménie, a fait savoir le porte-parole du Conseil de la sécurité nationale de la Maison Blanche. Barack Obama a lui-même appelé dans la même journée son homologue turc, Adbullah Gül, pour lui demander de ratifier rapidement un protocole de normalisation des relations signé l’année dernière entre les deux pays voisins, selon le New York Times.
La Turquie reconnaît le massacre de chrétiens arméniens par les Ottomans mais nie qu’il ait fait plus de 1,5 million de morts et qu’il s’agisse d’un génocide, un terme utilisé par un grand nombre d’historiens occidentaux et de parlements étrangers.