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Orhan Pamuk remporte le prix Nobel de littérature 2006

vendredi 13 octobre 2006

Source : AFP

STOCKHOLM (AFP)

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L’écrivain turc Orhan Pamuk a remporté jeudi le prix Nobel de littérature pour une œuvre qui se situe sur la ligne de faille entre monde musulman et Occident.

L’Académie suédoise a indiqué dans ses attendus avoir décerné le prix à un auteur « qui, à la recherche de l’âme mélancolique de sa ville natale, a trouvé de nouvelles images spirituelles pour le combat et l’entrelacement des cultures ».

Les romans de Pamuk, 54 ans, sont ancrés en Turquie, souvent à Istanbul sa ville natale où il est aujourd’hui installé.

Orhan Pamuk a indiqué être honoré par cette distinction et raconté que sa première réaction avait été : « qui m’appelle en plein milieu de la nuit ? »

S’exprimant devant des journalistes à New York jeudi, Pamuk, 54 ans, a souligné recevoir cette distinction « tout d’abord comme un honneur accordé à la langue turque, à la culture turque, à la Turquie et comme une reconnaissance de son travail, de son humble dévouement pour le grand art du roman ».

« C’est un très grand honneur, un très grand plaisir », a-t-il dit soulignant qu’il s’agissait d’un motif de fierté non seulement pour lui mais pour son pays et sa langue.

L’écrivain qui était interrogé depuis l’université de Columbia à New York où il a étudié dans les années 80 et où il est actuellement professeur a raconté d’une humeur très joyeuse ses premières impressions après avoir été récompensé par ce prix prestigieux, le premier jamais accordé à un auteur turc.

« Ma première réaction ? Qui m’appelle en plein milieu de la nuit ? J’ai un nouveau portable, il y a quelque chose de détraqué avec mon portable », a-t-il plaisanté.

Parmi ses livres traduits en français, on peut citer « Mon nom est Rouge » (1998), « Neige » (2002), « La maison du silence » (1983) et « Le livre noir » (1990).

Premier Nobel de littérature turc, Pamuk, qui projetait pendant sa jeunesse d’être peintre, est né le 7 juin 1952 dans une famille bourgeoise, aisée et séculière. Il a étudié l’architecture puis le journalisme à Istanbul.

Il « est connu dans son pays comme un auteur contestataire bien qu’il se considère comme écrivain littéraire sans intentions politiques », selon l’académie.

Le lauréat a été le premier écrivain du monde musulman à dénoncer la fatwa contre l’auteur britannique d’origine indienne Salman Rushdie et il s’était attiré les foudres des nationalistes pour sa défense des causes arménienne et kurde.

« Un million d’Arméniens et 30.000 Kurdes ont été tués sur ces terres, mais personne d’autre que moi n’ose le dire », avait-il affirmé en février 2005 dans un hebdomadaire suisse.

La justice turque avait engagé des poursuites contre lui pour « insulte ouverte à la nation turque », abandonnées début 2006.

Hasard du calendrier, l’attribution du Nobel à Pamuk est intervenue le jour du vote par les députés français d’un texte pénalisant la négation du génocide arménien, vivement dénoncé par Ankara.

Le président français, Jacques Chirac, s’est empressé de féliciter Pamuk « dont la réflexion sur la société est particulièrement intelligente, forte et libérale ».

En Turquie, le sous-secrétaire d’Etat au ministère de la Culture, Mustafa Isena, a félicité l’écrivain en dépit des controverses qu’il a suscitées en Turquie.

« Je suis très heureux et je le félicite », la récompense « va aussi attirer l’attention internationale sur la littérature turque et sur d’autres auteurs turcs », a-t-il déclaré.

Le responsable turc a ajouté plus sèchement : « ses autres actions ne m’intéressent pas. Je pense qu’il est un bon romancier et je pense qu’il a été récompensé pour ses romans ».

Dans son œuvre, Pamuk s’est attaché à décrire les déchirements de la société turque entre Orient et Occident, un thème très actuel à l’heure du difficile processus d’intégration de la Turquie dans l’Union européenne.

A Istanbul, l’appartement d’où il écrit ses livres lui offre une vue sur un pont enjambant le Bosphore, lien entre l’Europe et l’Asie.

La société turque qu’il ne cesse d’observer, son évolution vers l’occident, est sa source d’inspiration.

Dans son premier roman, une chronique familiale intitulée « Cevdet Bey Ve Ogullarin » (1982), Pamuk décrit une famille turque sur trois générations.

Avec « Le château blanc » (1985), un roman historique situé dans l’Istanbul du 18e siècle où l’auteur amalgame l’identité des deux personnages, Pamuk a obtenu une renommée internationale, selon l’Académie.

« Le livre noir » (1990), l’un des romans les plus lus en Turquie, décrit la recherche effrénée d’une femme par un homme pendant une semaine dans une Istanbul enneigée, boueuse et ambiguë.

Père d’une adolescente, il est divorcé. Il empochera pour ce prix 10 millions de couronnes suédoises (environ 1,1 million d’euros).

La fondation Nobel ©

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