Le Haut Conseil pour l’audio-visuel (RTÜK) vient d’assouplir à l’unanimité les limites de 45 minutes par jour et quatre heures par semaine pour les programmes en langues non-turques (langue kurde notamment). Pour les programmes culturels comme les films ou les émissions musicales, les limites de temps sont supprimées.
ANKARA - Le haut Conseil pour l’audio-visuel en Turquie (RTÜK) vient d’opérer une réforme importante en ce qui concerne la limitation à 45 minutes quotidiennes et 4 jours hebdomadaires des programmes TV et radio en langue kurde. Il a aussi décidé de la levée de toute limite en ce qui concerne les émissions culturelles parmi lesquelles figurent les films et les programmes musicaux. Il est ainsi devenu possible aux télévisions ayant l’autorisation requise de diffuser des long-métrages doublés en kurde et de proposer à leurs téléspectateurs des concerts de musique kurde. En ce qui concerne les émissions d’information et de débat, les anciennes limitations perdureront.
Le RTÜK a débattu des réclamations des chaînes de radio et de télévision locales selon lesquelles les prescriptions de la directive sur les langues et dialectes régionaux ne leur permettaient pas de remplir les durées réservées (45 minutes quotidiennes) avec les seuls programmes informatifs ni même de compléter ces plages horaires avec des programmes culturels qu’ils étaient contraints de couper.
Le RTÜK a considéré la demande comme une demande à caractère culturel et donc extrait ce genre de programmes du cadre réglementaire actuel.
D’après cette décision prise à l’unanimité, les canaux de télévision et les radios diffusant en langues et dialectes régionaux comme le Kurde ne connaîtront plus aucune limitation en ce qui concerne la diffusion de film et de musique.
Cependant demeure la règle du sous-titrage en Turc pour ce type de programmes. Les bulletins d’information et les émissions de débats ne sont pas concernés par cette levée des limitations.
Maintien d’un plafond
Le RTÜK ne permet pas pour autant aux radios et aux télévisions de diffuser 24h/24 en langue kurde. Comme il est impossible à une chaîne exclusivement spécialisée dans la diffusion de films et de programmes musicaux en langue kurde d’obtenir l’autorisation de diffuser, il ne semble pas possible aux canaux ayant cette autorisation, eu égard aux obligations de leur charte de diffusion, de ne diffuser que des émissions en Kurde.
Un long processus
La Turquie a été contrainte de lancer des programmes en Kurde dans le cadre de son processus d’adhésion à l’UE. En modifiant par la suite la loi et les règlements d’application, a été posé le principe de la possibilité de diffuser pour les chaînes publiques et privées dans « les langues et dialectes traditionnellement utilisées par les citoyens turcs ». C’est sur cette base que le 19 juillet 2003, commençaient les émissions en Bosniaque, Arabe, Tcherkesse et Kurde.
Limitées à 30 minutes hebdomadaires, ces émissions ne correspondaient pas encore aux exigences de l’UE.
C’est en mars dernier après de longues enquêtes que des radios et télévisions locales (privées) ont pu obtenir des licences de diffusion. Après enquête et rapport du MIT (les services secrets), le RTÜK devait délivrer des autorisations à la radio Medya FM et aux chaînes Gün TV et Söz TV.