Le gouvernement turc a fait savoir ce matin-même par la voix de son ministre des affaires étrangères, Abdullah Gül qu’il n’était pas question de se rendre ce soir à Luxembourg pour participer à la conférence intergouvernementale chargée d’ouvrir le premier chapitre des négociations de la Turquie avec l’UE au cas où « l’UE s’alignerait sur les positions chypriotes. »
« Si les vues chypriotes deviennent celles de l’Union, alors je ne me rendrais pas au Luxembourg. Et nous trouverons un autre chemin à emprunter », a déclaré Abdullah Gül.
Chargée d’étendre la traité d’union douanière qui la lie à l’UE aux 10 nousveaux membres entrés en mai 2004, la Turquie se refuse à aller trop loin dans cette voie en ce qui concerne la République chypriote, de peur d’en arriver à une reconnaissance de fait d’une entité à qui elle dénie la représentativité de l’ensemble de l’île, et donc de la minorité turque chypriote.
Le gouvernement turc a récemment demandé à l’UE de trouver une solution à des négociations menacées de blocage chypriote à l’ouverture et à la fermeture de chaque chapitre de l’acquis communautaire soit environ 70 fois.
De retour d’un récent voyage en Turquie, la ministre des affaires étrangères grecque, Dora Bakoyannis a découvert les intentions chypriotes d’aller jusqu’au veto sur la décision d’ouverture des négociations. D’après le journal Elefterotipia, elle aurait joint le premier ministre grec, puis les autorités de Nicosie pour demander des explications. « On l’aurait entendue dans tout Nicosie », rapporte le quotidien grec.
Dora Bakoyannis, partisane du plan Annan de solution sur l’île de Chypre, défend une position constructive sur le dossier des relations gréco-turques et refuse la persepective sans cesse renouvelée d’un bras de fer diplomatique.
(Turquie Européenne)
ANKARA (AP) — Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne se réunissent lundi à Luxembourg pour entamer les négociations d’adhésion avec la Turquie, qui pourraient buter sur Chypre : l’île méditerranéenne exige que l’UE rappelle à Ankara son obligation de l’inclure dans son union douanière avec les Vingt-cinq.
Officiellement lancées en octobre 2005, les discussions doivent débuter concrètement lundi à Luxembourg avec le premier des 35 chapitres de négociations.
Le premier chapitre, consacré aux sciences et technologies, n’est en principe pas sujet à controverse et doit normalement être refermé dans la journée. Tous les Etats membres sont d’accord sur ce point, à l’exception de Chypre. Or, l’ouverture et la fermeture de chaque chapitre se décident à l’unanimité, et la situation apparaît donc bloquée pour l’instant.
Depuis l’invasion turque de la partie nord en 1974, l’île méditerranéenne est divisée en deux : la République de Chypre, dans la partie sud, est peuplée majoritairement d’habitants de culture grecque et fait partie de l’Union européenne. La République turque de Chypre du Nord, où sont stationnés quelque 40.000 soldats turcs, n’est de son côté pas reconnue par la communauté internationale.
La République de Chypre exige d’être reconnue officiellement par la Turquie et demande à l’UE de faire pression en ce sens. Nicosie a ainsi refusé de donner son aval à la formulation d’un document qui doit être soumis à la Turquie avant les pourparlers.
Nicosie insiste pour que le texte, qui exhorte Ankara à accélérer d’urgence les réformes politiques, appelle également la Turquie à étendre son union douanière à Chypre et aux neuf autres pays entrés dans l’UE en mai 2004. La Turquie a signé en juillet 2005 un accord en ce sens, mais ne l’a pas mis en œuvre, refusant l’accès de ses ports et aéroports aux bâtiments et avions chypriotes grecs.
Alors que Nicosie apparaît inflexible, la Turquie n’a pas indiqué si elle était prête à faire des concessions. « Je vais voir les résultats de la rencontre des ministres des Affaires étrangères », a expliqué dimanche le chef de la diplomatie turque, Abdullah Gul. « S’il y a un obstacle politique, je ne viendrai bien sûr pas » à Luxembourg, a-t-il ajouté.
L’échec à entamer les discussions d’adhésion constituerait un revers pour la Turquie, que l’UE presse par ailleurs d’accélérer ses réformes. Bruxelles demande à Ankara de mieux garantir la liberté d’expression, respecter les libertés fondamentales, culturelles et religieuses.
11/06/06