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La Turquie prête aux réformes pour un régime sans visa

mardi 2 mars 2010, par Fabrice Randoux

europolitique.info

Par Fabrice Randoux |

L’exemption de visas accordée aux Serbes, Macédoniens et Monténégrins depuis le 19 décembre a déjà eu un effet collatéral, celui d’avoir remis cette question en haut de l’agenda des relations UE-Turquie, Ankara étant furieuse de voir ses citoyens traités différemment alors qu’elle est un pays candidat à l’UE. Le point des visas a été soulevé en marge de la conférence d’adhésion UE-Turquie le 21 décembre par le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu. « S’il y a des critères techniques à remplir, comme les passeports biométriques, alors nous allons le faire. Et nous pouvons conclure un accord de réadmission des immigrants d’ici deux mois », a-t-il assuré. « Une fois que nous aurons rempli ces conditions, il n’y aura plus d’excuse pour ne pas donner aux citoyens turcs ce droit ».

Le commissaire à l’Elargissement Olli Rehn a rappelé les conditions fixées pour obtenir un régime sans visa : signature d’un accord de réadmission des immigrants, mise en place de passeports biométriques, système intégré de contrôle aux frontières, et lutte renforcée contre la corruption et le crime organisé.

La condition la plus difficile à remplir sera la conclusion de l’accord de réadmission, qui prendra certainement plus que deux mois. C’est une étape nécessaire pour obtenir déjà dans un premier temps un régime assoupli de visas pour certaines catégories de population, comme les hommes d’affaires ou les étudiants. Les négociations, interrompues depuis décembre 2006, vont reprendre en janvier. C’est un point difficile pour la Turquie, terre de transit de dizaine de milliers d’immigrants. L’accord obligera les Turcs à ré-accepter sur leur territoire tous ces immigrants renvoyés par l’UE. A Ankara ensuite aussi de signer des accords de réadmission avec les pays d’origine (Aghanistan, Irak, Pakistan, etc.).

LENTEUR DES NÉGOCIATIONS

En attendant, la Turquie a ouvert un douzième chapitre dans ses laborieuses négociations d’adhésion à l’UE, celui de l’environnement. Ce sera un vrai défi pour Ankara car la mise aux normes européennes dans ces domaines (politique de déchets, pollution de l’eau, protection de la nature...) nécessitera des investissements financiers et techniques énormes. « Cela montre que le train de la Turquie vers l’UE reste sur les rails et avance » malgré les difficultés, a estimé Olli Rehn. Le progrès reste toutefois timide pour la Turquie, de plus en plus frustrée. « Nous espérons que les négociations vont prendre de la vitesse », a souligné M. Davutoglu.

Pour la Turquie, les perspectives d’adhésion restent au mieux très lointaines en raison de la lenteur de certaines réformes internes mais surtout de l’opposition de plusieurs pays à son entrée, comme la France, l’Autriche et l’Allemagne. Ces derniers proposent à la place un « partenariat privilégié » avec l’UE, qu’Ankara refuse. Et la récente décision de la cour constitutionnelle turque de dissoudre le parti pro-kurde pour une société démocratique (DTP) n’a rien arrangé.

UN ACCORD SUR CHYPRE CRUCIAL

Autre problème : en raison du refus persistant d’Ankara d’ouvrir ses ports et aéroports aux Chypriotes grecs, l’UE bloque depuis décembre 2006 huit chapitres de négociation. Et les Chypriotes grecs viennent de menacer de bloquer l’ouverture de cinq nouveaux chapitres du fait de cette question. Une décision qualifiée de « très préoccupante » par M. Davutoglu, qui a exhorté l’Europe à choisir entre l’intérêt stratégique pour elle d’une adhésion de la Turquie ou la poursuite du blocage politique.

C’est pourquoi, pour le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt, les négociations en cours sur la réunification de Chypre sont d’une « importance critique même s’ils n’ont pas encore produit de résultats décisifs ». Un accord sur une réunification de Chypre dans les prochains mois fournirait un grand bol d’oxygène aux négociations UE-Turquie. Sinon, du fait des différents blocages, il ne reste que quatre chapitres dont l’ouverture est négociable : concurrence, politique sociale et emploi ; marchés publics ; sécurité alimentaire.

lundi 21 décembre 2009

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