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Istanbul ne résisterait pas à un séisme majeur

vendredi 12 mars 2010, par Guillaume Perrier

Istanbul , Correspondance

Le séisme d’une magnitude de 6 sur l’échelle de Richter qui a provoqué la mort de 51 personnes, lundi 8 mars, dans la région d’Elazig, dans les montagnes de l’est de la Turquie, a relancé la polémique sur la prévention des catastrophes dans ce pays. Le tremblement de terre, d’une puissance qui n’était pourtant pas exceptionnelle, a rasé plusieurs villages de maisons en terre, ensevelissant des familles pendant leur sommeil. Une centaine de personnes ont été blessées, et plusieurs répliques ont semé la panique dans la population.

Dans cette région située à proximité de la faille anatolienne, la mauvaise qualité des constructions a aussitôt été mise en cause. Le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a promis, dès mardi, que des immeubles résistant aux secousses seraient prochainement construits dans la région.

Au lendemain de la catastrophe, les experts s’interrogent sur l’état de préparation des autorités turques face à un séisme majeur. L’Anatolie est régulièrement frappée par de violents tremblements de terre : en un siècle, 82 000 personnes ont été tuées en Turquie suite à des séismes. Le plus meurtrier fut celui d’Erzincan, en 1939 (7,4 sur l’échelle de Richter), qui fit 33 000 victimes.

Depuis lors, sept tremblements de terre d’une magnitude supérieure à 7 se sont produits le long de la faille anatolienne, rompant chaque fois une portion supplémentaire de celle-ci vers l’ouest. En 1999, celui d’Izmit - 20 000 morts - avait menacé l’agglomération stambouliote.

La catastrophe d’Elazig a relancé les craintes de voir un séisme dévaster Istanbul et décimer sa population de 15 millions d’habitants. L’observatoire de Kandilli a relevé une activité élevée dans la région ces derniers jours. La Grèce voisine a également été sujette à plusieurs petites secousses.

« La secousse d’Elazig est un événement local. Elle n’a aucune influence sur Istanbul », précise toutefois Sener Üsümezsoy, professeur de géologie à l’université d’Istanbul. Mais, selon les experts, la probabilité est forte - 50 à 60 % - de voir un séisme d’environ 7,5 de magnitude survenir d’ici à trente ans sur la faille nord-anatolienne, qui traverse la mer de Marmara, à une dizaine de kilomètres des côtes de la mégalopole turque.

Les conséquences d’un tel phénomène seraient considérables. Environ 70 % des constructions n’y résisteraient pas, selon la chambre des architectes d’Istanbul. D’après le maire, Kadir Topbas, environ 50 000 immeubles seraient susceptibles de s’effondrer. Près de 70 % d’entre eux sont bâtis sans respect des normes sismiques. Et le bilan humain pourrait être d’au moins 30 000 morts, selon les scénarios les moins pessimistes.

Depuis le séisme de 1999, la prise de conscience est lente, et peu de bâtiments ont été renforcés. « Sur les 1 730 écoles recensées comme vulnérables, seules 230 ont été consolidées », constate Cemal Gökçe, le président de la chambre des ingénieurs civils d’Istanbul.

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Sources

Source : Le Monde du 11 mars 2010

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