Désignée capitale européenne de la culture 2010 en compagnie de Pécs (Hongrie) et Essen (Allemagne), Istanbul va en profiter pour redorer son blason, au sens propre comme au sens figuré.
À ISTANBUL, GAËLLE LAURENT-DRIDI
Dès la descente de l’avion, sur le tarmac de l’aéroport d’Atatürk, Istanbul affiche fièrement son costume tout neuf de capitale européenne de la culture. Et elle peut se vanter d’avoir réussi un joli coup. D’abord parce que 2010 était pour Istanbul la dernière opportunité d’être désignée comme telle, tant que la Turquie n’aura pas adhéré à l’Europe. En effet, dès l’année prochaine, seules des villes situées dans l’Union européenne seront éligibles.
Ensuite parce que ce titre lui a permis de se lancer le formidable défi de mettre en exergue son bouillonnement culturel et d’accompagner les transformations de cette ville aux mille facettes. Son lustre d’antan et les relations qu’Istanbul (ex-Byzance et Constantinople) et l’Europe ont entretenu depuis des millénaires sont presque tombées aux oubliettes. Un gâchis que l’année 2010 doit à tout prix rattraper.
Le symbole Sainte-Sophie
L’immensité de la mégalopole, qui compte plus de quinze millions d’habitants et s’étend sur quelque 80 kilomètres sur deux continents, n’a d’égal que la richesse de son patrimoine, classé par l’Unesco depuis 1985 mais aujourd’hui menacé de disparaître de ses listes pour manque d’entretien et de rénovation.
Dans le programme d’Istanbul capitale européenne de la culture, près de 480 projets artistiques ont été définis. Outre l’art, la musique, le cinéma, la littérature, la plus grande ville d’Europe a aussi prévu de nombreux chantiers de restauration de monuments : la péninsule historique, autour de Sainte-Sophie et du palais ottoman de Topkapi, fera l’objet d’une attention toute particulière.
D’ailleurs sur place, les travaux ont commencé. À l’intérieur de la basilique Sainte-Sophie, le somptueux décor est entaché d’échafaudages. L’édifice est un profond symbole de la cohabitation entre l’Orient et l’Occident : cette ancienne basilique dévouée au culte catholique a été transformée par la suite en mosquée. Le mélange des deux religions s’affiche sereinement, il y a même une touche d’harmonie entre la Vierge Marie et l’enfant Jésus entourés des écritures arabes désignant Allah et son prophète.
Sur la place Sultanahmet, principal lieu touristique d’Istanbul, on se veut moderne et définitivement ouvert aux autres : durant toute la durée du mandat de la capitale européenne de la culture, un accès à internet gratuit est disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Dans l’attente du « Marmaray »
Au rayon des grands moments à ne pas manquer, les concerts d’Éric Clapton et U2 en juin et septembre prochain. Et puis les Stambouliotes attendent aussi avec impatience une construction qui va probablement changer la vie des habitants : le « Marmaray », un projet de voie ferrée qui reliera la rive européenne à la rive asiatique de la ville, auquel est également associée la naissance d’un tunnel sous le Bosphore. Concernant ce dossier, les travaux ont pris beaucoup de retard suite à des découvertes archéologiques datant de l’époque byzantine. Un clin d’oeil du destin pour rappeler à Istanbul qu’elle avait vraiment besoin de renouer avec ses racines.
gaelle.laurent@nordeclair.fr