Festival de Cannes : LES CLIMATS (Iklimler)

UN HOMME ET UNE FEMME

 L’avis de la rédaction :

Par rapport à UZAK, le précédent film du Turc Nuri Bilge Ceylan, LES CLIMATS présente bien des points communs. Le personnage masculin est un photographe. C’est son métier dans le premier, tandis qu’ici, le professeur doit faire des photos pour illustrer sa thèse. Dans l’un comme dans l’autre, les protagonistes sont seuls et leur vie intérieure les mène à s’interroger sur le bonheur. Et puis, il y a ce style : cadrage impeccable, très peu de mouvements de caméra, mais aussi des comédiens, musique quasi-inexistante... et ce temps qui n’en finit pas de s’étirer. On sent l’influence certaine d’Antonioni et de Tarkovski.

Même si le cœur du scénario, minimaliste, des CLIMATS est une histoire d’amour passionnée, le cinéaste prend le temps pour la raconter. En dehors de deux scènes choc, une de rupture, résumée par un accident de scooter, la seconde de désir, représentée par un viol consentant, les tourments intérieurs d’Isa et de Bahar se traduisent, non pas par les cris et les gestes, mais par la mise en image des visages et des corps, avec notamment ces très gros et longs plans sur la belle Ebru Ceylan qui passe du sourire aux larmes. Du cinéma d’auteur beau et délicieusement agaçant par sa lenteur.

 Cannes 2006 : Sélection officielle, en compétition. C’est la troisième venue sur la Croisette du réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan. La première fois, en 1995, il présente le court métrage KOZA. Il revient par la grande porte en 2003 avec la projection en compétition de UZAK, qui séduit le jury de Patrice Chéreau. Ce dernier lui remet deux récompenses : le Prix d’interprétation masculine pour ses deux comédiens Muzaffer Özdemir et Mehmet Emin Toprak et le Grand Prix, juste avant de consacrer la Palme d’Or, ELEPHANT.

LES CLIMATS (IKLIMLER) (2006)

de Nuri Bilge Ceylan avec Ebru Ceylan , Nazam Kesal , Mehmet Erylmaz

Bahar et Isa passent quelques jours de vacances ensemble au bord de la mer. Bahar, professeur, photographie les ruines antiques qui lui permettront d’illustrer sa thèse et ses cours. Bahar semble s’ennuyer. Malgré les apparences, le couple est au bord de la rupture. Elle éclate avant la fin des congés. Ils se séparent. De retour à Istanbul, Isa croise Güven, son vieux copain, et son amie Serap. Il profite que Serap rentre seule chez elle pour s’inviter. Il abuse d’elle, en la violentant. Le temps passe, pourtant, quelque part, il pense encore à Bahar. Il part la retrouver pour lui faire part de ses sentiments.