1- Au cours des quinze dernières années, quel a été à votre avis l’événement le plus important survenu dans le monde ?
2- Pour vous-même, durant ces quinze années, qu’est-ce qui a été le plus important ?
3- Et comment voyez-vous les quinze prochaines années ?
La disparition officielle de l’URSS en 1991 a profondément marqué ces quinze dernières années. Cela a modifié non seulement les équilibres en Asie et dans le Caucase mais aussi au Moyen-Orient et en Europe. Tout ce que l’on a vécu par la suite - le 11 septembre, l’Afghanistan, l’Irak et finalement cette guerre des civilisations qui commence à se manifester - est lié à la rupture de cet équilibre.
La seule chose qui permette d’envisager un rééquilibrage, c’est le projet de paix incarné par l’Union européenne. Le fait qu’une Turquie musulmane souhaite participer à ce projet est une chance unique dans la perspective d’une réconciliation des civilisations. A la clé, il n’y a pas seulement la garantie d’une amélioration de la santé démocratique et économique de ce pays. Cela pourrait permettre aussi aux pays voisins du Caucase et du Moyen-Orient de se tourner davantage vers l’Occident. Le véritable intérêt de ce rapprochement, c’est qu’il permettra de neutraliser cette calamité qu’on appelle terrorisme. Il n’est en effet pas possible d’en finir avec le terrorisme par des interventions extérieures comme le font aujourd’hui les Etats-Unis. Ce n’est que l’Orient, d’où est partie cette vague de terrorisme, qui sera en mesure de donner l’estocade à ce fléau. Ce n’est donc pas en rejetant l’Orient que cela sera possible, mais bien en s’en rapprochant. Dans ce contexte, le désir d’intégration à l’Union européenne de la Turquie est incontestablement la meilleure chance de pouvoir opérer un tel rapprochement.