Une étape est donc franchie. Depuis le 3 octobre dernier, les négociations entre la Turquie et l’Europe sont ouvertes. Mais attention, point de triomphalisme car le chemin sera long et jonché d’épines !
On va attendre la Turquie à chaque tournant et la période « d’examen » sera dure car personne semble-t-il n’envisage de faire de cadeaux.
Nous l’écrivions dans ce bulletin, le rôle des personnes originaires de Turquie vivant en Europe et celui des jeunes bi-nationaux est très important. Partout, et très particulièrement en France, il s’agit d’être actifs, pédagogues, calmes. Il faut expliquer, donner à connaître, débattre, dialoguer surtout, avec sérénité et capacité de distance et d’auto-critique.
Effectivement, il n’y a rien de pire que la perte de patience, l’agressivité, la défense offensée. Il faut argumenter et favoriser l’échange pacifique des idées. D’ores et déjà, des dossiers, des articles continuent de paraître dans la presse française. D’aucuns essayent avec conviction de mieux faire cnnaître la Turquie sans hésiter à poser les questions qui attendent des réponses : les droits démocratiques, les droits des femmes, la laïcité, le devoir de mémoire, la question des minorités, etc. Il faut s’attendre à entendre, encore longtemps, ces débats récurrents mais légitimes. Quel rôle peuvent jouer les familles immigrées en France ou les Français de double culture ? Un rôle primordial ! Celui de participer à la vie de leur pays d’adoption, de s’intéresser à ce qui s’y passe, de mieux connaître les gens et les paysages, de voter aux élections et de participer à la vie politique locale, voire nationale lorsqu’on est Français et c’est le cas de tous les jeunes. Celui aussi de participer à une meilleure information mais surtout de susciter l’occasion du dialogue et de la rencontre.
Des occasions nombreuses se présentent ici et là, des journées culturelles, des expositions, des projections de films, des conférences organisées par des municipalités, des centres culturels, des associations françaises et turques. Il faut y faire acte de présence, il faut montrer que l’on se sent honoré de l’espace de dialogue ainsi créé. Toute occasion est bonne pour se faire connaître, auprès de nos voisins, des habitants de nos villes et de nos communes, de la presse locale. Il faut changer le fusil d’épaule ! Mettre fin à ces frilosités (retraits ? quant-à-soi ???) qui n’ont que trop duré.
Que de fois nous avons été seuls ou presque dans ces petites villes où il se passait quelque chose autour de la culture turque ! Il y avait des Français curieux, des organisateurs déçus, nous autres dépités, et la population turque du lieu brillant par son absence. Cela doit changer ? Notre culture est riche, diverse, vivante, passionnante et c’est la meilleure des passerelles pour engager la rencontre, alors profitons-en ! Partout où il se passera quelque chose, il faudra y être. Il faudra montrer que la légendaire hospitalité turque est bien d’actualité même lorsqu’on est transplanté ailleurs.
Ouvrons grandes les portes et tendons loin nos mains ! ici aussi nos belles traditions doivent vivre : souhaiter a bienvenue à un nouveau voisin, les inviter à notre table, permettre à nos enfants d’inviter leurs camarades de classe et les laisser répondre à leurs invitations. Et puis surtout parler au lieu de se calfeutrer, sortir à la rencontre des Français au lieu de se replier dans son pré carré, laisser les enfants libres de vivre leur double culture, de mieux connaître la culture turque et de mieux s’enrichir de la culture française, prouver que les femmes turques sont autonomes et émancipées à l’image des pionnières, de celles qui dans les débuts de la République forcèrent l’admiration du monde entier, au lieu de les considérer comme des objets à cacher. Et puis, comment dialoguer sans se connaître mutuellement, sans rechercher des connivences ?
La culture turque est très riche et c’est tout ce qui en elle fait partie du patrimoine universel qui délie les langues et suscite la proximité : la littérature, la poésie, la musique, le patrimoine et les arts modernes, c’est tout cela qui fait lien et permet ensuite la découverte, l’adhésion. Depuis 20 ans, ELELE s’évertue à construire de tels ponts, il est temps de les bâtir tous ensemble. Nous avons des savoir-faire, des outils, des idées, mais nous avons besoin de votre participation. Chacun doit se considérer comme un ambassadeur sans lequel la cause commune ne peut avancer. Et quelle belle mission que de conquérir l’adhésion des Français, des Européens pour permettre à l’avenir l’adhésion d’une Turquie moderne, qui progresse avec son temps !