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M. de Villepin prend ses distances avec Jacques Chirac sur la Turquie

vendredi 27 janvier 2006, par Christophe Jakubyszyn, Philippe Ricard

LE MONDE

SALZBOURG (AUTRICHE) ENVOYÉS SPÉCIAUX

Loin de Paris, Dominique de Villepin, fait entendre sa différence avec Jacques Chirac sur l’élargissement de l’Union européenne. Venu participer à une conférence sur l’avenir et la crise d’identité de l’Europe, Jeudi et vendredi 27 janvier à Salzbourg, le premier ministre français a mis en garde contre « une fuite en avant ». « l’idée d’une fuite en avant alors même que nous sommes confrontés à des difficultés sur le plan institutionnel me paraît dangereuse », a-t-il dit jeudi soir lors d’une conférence de presse avec le chancelier autrichien, Wolfgang Schüssel, dont le pays est l’un des plus opposés à l’entrée de la Turquie dans l’Union.

M. de Villepin a affirmé que la « priorité est à l’approfondissement de l’UE ». « L’Europe n’a pas vocation à s’élargir indéfiniment », a-t-il souligné. Le lendemain matin, dans son intervention devant la conférence, le premier ministre a enfoncé le clou : « La crise d’identité que nous connaissons tient à la rapidité de l’élargissement ». Cette position tranche avec celle de M. Chirac, qui demeure favorable à la perspective de l’adhésion turque, en dépit de l’échec du référendum français du 29 mai sur la Constitution.

Ce positionnement n’est pas sans arrière-pensées franco-françaises. Les négociations d’adhésion avec la Turquie, ouvertes depuis octobre, embarrassent la droite. En dehors de Jacques Chirac, les principaux responsables de l’UMP, à commencer par son président, Nicolas Sarkozy, ne cachent pas leur hostilité. Les dirigeants français considèrent que la question de l’élargissement explique en partie le rejet de la Constitution. Ils craignent que le sujet s’impose de nouveau lors de la campagne de l’élection présidentielle. « Pour se neutraliser, tous les candidats de la droite en 2007 vont adopter le même positionnement » hostile à l’adhésion turque, dit un ministre français, en notant le « durcissement » de M. de Villepin sur le sujet.

Devant la conférence, le premier ministre a toutefois précisé que l’issue des négociations avec la Turquie « doit rester ouverte » jusqu’au bout et il a « souhaité » que les Etats des Balkans rejoignent l’Union. M. de Villepin a énuméré les trois « critères » qui doivent, selon lui, conditionner tout élargissement futur : « la vocation européenne des Etats, le respect d’un certain nombre de valeurs communes et la capacité d’absorption de l’Europe ».

Au niveau européen, le gouvernement français veut s’appuyer sur la présidence autrichienne de l’Union pour alimenter le débat sur les « frontières de l’Europe ». M. de Villepin sait qu’il peut aussi compter sur une oreille attentive en Allemagne : si elle ne remet pas en cause le processus à ce stade, la chancelière Angela Merkel a toujours plaidé, à l’instar de l’Autriche, pour un « partenariat privilégié » avec la Turquie. En revanche, la Grande-Bretagne milite avec vigueur pour l’entrée d’Ankara dans l’Union.

Christophe Jakubyszyn Et Philippe Ricard

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