Le président russe Vladimir Poutine, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi ont abordé jeudi l’avenir de l’approvisionnement en énergie de l’Europe lors de l’inauguration officielle d’un important gazoduc.
Réunis à la station de pompage de Durusu (nord de la Turquie), très étroitement surveillée, les trois dirigeants ont célébré la mise en service du gazoduc sous-marin Blue Stream .
Construit par le pétrolier italien ENI et par le géant gazier russe Gazprom, Blue Stream, qui achemine du gaz russe en Turquie via la mer Noire, est entré en activité en décembre 2002, offrant à ce pays un approvisionnement en gaz russe direct et l’affranchissant de pays tiers. Le potentiel du Blue Stream est de 16 milliards de mètres cubes par an.
Vous l’aurez compris : l’intégration de la Turquie dans l’Europe comporte de nombreux objectifs et enjeux.
Au cours des dix premiers mois de 2005, la Russie a livré à la Turquie via ce gazoduc 3,7 milliards de mètres cubes de gaz. Il doit être utilisé à pleine capacité à partir de 2010. D’une longueur de 1.213 km, Blue Stream, dont le coût total s’élève à 3,2 milliards de dollars (2,74 milliards d’euros), passe sous la mer Noire sur une distance de 400 km, à une profondeur atteignant plus de 2.100 m par endroits, ce qui en fait le plus profond gazoduc au monde.
»Le lancement du gazoduc Blue Stream est un pas vers le renforcement de la sécurité énergétique dans la région et de la création d’un espace énergétique uni en Europe », a déclaré M. Poutine à l’issue de la cérémonie d’inauguration. »La Turquie va devenir un pont énergétique entre l’Orient et l’Occident », a-t-il ajouté. Selon lui, Blue Stream offre des possibilité de transport du gaz russe vers des pays tiers, notamment »vers l’Italie du sud, l’Europe du sud et Israël ».
Il a souligné que les compagnies énergétiques russes étaient intéressées non seulement à exporter des hydrocarbures mais aussi développer des infrastructures gazières turques. »Nous étudions de nouvelles perspectives de réexportation de gaz russe via la Turquie vers l’Italie du sud ainsi que l’Europe du Sud, notamment la Bulgarie, la Hongrie, l’Autriche et l’ex-Yougoslavie », a confirmé à la presse Alexei Miller, président de Gazprom.
M. Miller a précisé que le Blue Stream permettait »d’augmenter les livraisons de gaz en Israël ainsi que les livraisons de gaz en Turquie pour le liquéfier et l’exporter ensuite vers les pays tiers ». Gazprom envisage d’ailleurs de participer à la construction d’une usine de liquéfaction du gaz à Izmir (ouest de la Turquie) ou à Ceyhan (sud), a-t-il indiqué.
Se félicitant de la réussite du Blue Stream, M. Erdogan, Premier ministre turc, a pour sa part appelé de ses voeux une nouvelle coopération exemplaire pour la construction à venir de l’oléoduc Samsun-Ceyhan, »qui doit acheminer le pétrole russe et kazakh vers les marchés de consommation méditerranéens aux alentours de 2010 ».
Le ministre turc a indiqué que le Blue Stream serait lui aussi prolongé jusqu’au port méditerranéen de Ceyhan -qui est déjà le débouché d’un oléoduc acheminant le pétrole azerbaïdjanais via la Géorgie- et ferait de ce terminal un »important centre du commerce de l’énergie ».
»Tous ces projets vont avoir une grande influence sur la sécurité de l’approvisionnement énergétique de l’Europe », a-t-il assuré, affirmant que la Turquie était appelée à devenir »la quatrième voie majeure d’approvisionnement en énergie de l’Union Européenne ».
A noter : en 2002, le rachat de BOUYGUES OFFSHORE permet au groupe SAIPEM de développer considérablement ses compétences en Engineering et en management de grands projets clés en main. SAIPEM devient alors un des acteurs majeurs des contrats EPCI (Engineering, Procurement, Construction, Installation) dans le domaine de la para-énergie.
Devenue filiale du groupe pétrolier ENI en 1969, SAIPEM poursuit son développement dans le domaine de l’Offshore, tout d’abord en Mer Méditerranée au début des années 60, puis en asseyant sa position en Mer du Nord vers le début des années 70. SAIPEM commence alors à étendre son offre de services à l’extérieur du Groupe ENI auprès des principales compagnies pétrolières dans le monde.
Entre 1998 et 2001, SAIPEM a investi plus de 1,2 milliard d’euros pour renforcer sa flotte de navires de construction offshore, particulièrement pour la pose de pipe pour les champs en grande profondeur, et de navires de forage. Ce qui fait qu’à ce jour, la flotte de SAIPEM est l’une des plus importantes et performantes au monde.
Sur ENI :
Le groupe pétrolier italien Eni a dégagé un bénéfice net en hausse de 48% au troisième trimestre, dopé par la forte hausse des cours du brut et des marges de raffinage.