Des pourparlers entre Chypriotes grecs et turcs ont eu lieu ces dernières semaines à Bruxelles pour tenter de sortir la communauté turque de son isolement, mais ils n’ont pas permis de parvenir à un accord, a révélé mardi le commissaire à l’Elargissement, Olli Rehn.
« L’objectif était de sortir de l’impasse actuelle et d’arriver à un accord sur les propositions d’aide économique et de commerce visant à mettre fin à l’isolement de la communauté turque », a déclaré M. Rehn devant la commission des Affaires étrangères du Parlement européen.
« C’est la première fois que les Chypriotes grecs et turcs discutent de leurs problèmes mutuels » sous l’égide de l’UE, a précisé M. Rehn, les discussions ayant été menées par la présidence luxembourgeoise, avec l’aide de la Commission.
« Il semble cependant que les parties aient besoin de davantage de temps pour faire des progrès », a-t-il concédé.
En récompense au soutien des Chypriotes turcs au plan de réunification de l’île présenté par l’Onu, l’UE avait promis de verser 259 millions d’euros d’aide entre 2004 et 2006 à la République turque de Chypre nord (RTCN).
L’Union propose également d’établir des relations commerciales directes avec le nord de l’île.
Mais les Chypriotes grecs considèrent que les régulations actuelles sur le mouvement des personnes et des biens entre le nord et le sud de l’île, approuvées par l’Union, sont suffisantes pour aider les Chypriotes turcs à améliorer leurs conditions de vie.
Les Chypriotes turcs rétorquent que cela ne suffit pas pour rompre leur isolement et réclament des liaisons directes avec l’Union.
Les Chypriotes grecs avaient rejeté le plan de réunification de l’île présenté par le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, empêchant les Chypriotes turcs de rallier l’UE avec eux au 1er mai 2004.
Le commissaire Rehn a indiqué que les discussions entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs avaient également abordé la question délicate de la vente et de l’achat de propriétés dans le nord ayant appartenu à des Chypriotes grecs avant la partition de l’île, en 1974.
« La vente et l’achat de propriétés dans le nord de Chypre constituent un développement regrettable qui a été soumis à notre attention. Nous avons soulevé la question avec les autorités du nord de Chypre et également en Turquie », a déclaré le commissaire.
« La Commission et les Etats membres de l’UE conseillent les citoyens européens de prendre conseil avec un avocat avant de souscrire un contrat quelconque », a ajouté Olli Rehn.
Un Chypriote grec a intenté le mois dernier pour la première fois un procès en dédommagement contre un Chypriote turc qu’il accuse d’avoir illégalement exploité sa propriété située à Chypre nord.
Quelque 200.000 Chypriotes grecs ont fui leurs domiciles dans le tiers nord de l’île en 1974. Des dizaines de milliers de Chypriotes turcs ont dû, eux, fuir vers la partie nord.
« Le statu quo sur l’île n’est plus tenable. Chypre a besoin de devenir un Etat membre comme tous les autres, un Etat membre uni dans la paix », a estimé M. Rehn.
« Il est temps de mettre un point final à ce conflit », a-t-il conclu.