A une question portant sur le fait de savoir s’il était ou non satisfait des développements survenus au Luxembourg, le Président Tassos Papadopoulos a donné cette réponse :
« Je suis satisfait de ce que les négociations d’adhésion de la Turquie aient pu commencer. »
Et puisque le Président de la République en est satisfait, Dimitris Hristofias, son parti, l’AKEL (communiste) ainsi que celui du Président ne peuvent qu’en être aussi satisfaits. Il est vrai que les derniers développements survenus au Luxembourg sont à mettre au nombre des succès significatifs de Papadopoulos et de ceux qui le soutiennent. Pour autant, ceux qui ne partagent pas leur vision des choses n’en ont pas forcément conscience. Papadopoulos a complètement atteint les objectifs qu’il s’était fixés. Il est parvenu à éloigner toute perspective de solution à Chypre, tout espoir d’une reprise des négociations visant une solution sur l’île, comme à mettre au congélateur question et solution chypriotes. Voilà les raisons pour lesquelles, il est tout à fait légitime qu’il soit satisfait et qu’il l’exprime de manière assurée.
Que veut le Président Papadopoulos ? Quel est son véritable objectif ? C’est, par toutes les actions et négligences dont il s’est fait l’auteur jusqu’à présent, de faire en sorte qu’un nouveau processus de négociations pouvant conduire à une solution ne puisse pas voir le jour. Le souhait de Papadopoulos est qu’aucun processus allant dans le sens d’une solution ne soit jamais lancé.
Par conséquent, il n’est pas étonnant de l’avoir entendu, le 20 octobre dernier, s’exprimer en personne de la sorte :
« Nous avons beaucoup œuvré à éviter qu’on ne crée un lien entre le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE et une solution à Chypre ; parce que cela aurait été très préjudiciable à la partie chypriote-grecque soumise à des pressions dans le sens de l’acceptation du Plan Annan ou d’une de ses nouvelles moutures. »
L’aspiration du Président Papadopoulos correspond au non solutionnement de la question chypriote. Il a donc réussi à éloigner la menace d’une solution comme à renvoyer à la semaine des quatre jeudis la perspective toujours grosse de la même menace, d’une reprise du dialogue.
Mais sur ce sujet, il faut bien voir que Papadopoulos jouit du soutien de la direction de l’AKEL comme de celui, tout personnel de son leader, Dimitris Hristofyas, ainsi que de l’appui des autres partis.
J’écrivais hier que désormais la division de l’île n’effrayait plus personne. C’est un fait auquel nous nous sommes habitués et qui ne nous effraie plus. Et plus précisément, la seule chose qui puisse véritablement effrayer aujourd’hui Papadopoulos et Hristofyas c’est la perspective d’une solution : et non pas la perpétuation ad vitam aeternam de l’actuel statu-quo.
En mai 2004, ce fut l’une des raisons de notre refus d’une solution (refus du plan Annan par 75 % des Chypriotes-grecs, ndlt). La solution requiert des efforts, de la volonté et de la pugnacité, de bonnes intentions et encore beaucoup d’autres choses. La division, quant à elle, ne demande rien : elle est là, elle se poursuit et, finalement, nous convient.
En conséquence, Papadopoulos a tout à fait raison de se satisfaire d’une telle évolution (?!) des évènements. La situation reste inchangée et le grand danger d’un redémarrage des négociations pouvant conduire à une solution est écarté.
© Alithia (Quotidien chypriote grec, 6 octobre 2005)