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Marseille - Foca , les (franco) Turcs et la France.

Entretien avec le Consul général de Turquie à Marseille.

lundi 24 novembre 2008, par Philippe Gallini

Consul général de Turquie à Marseille, Ozer Aydan est reçu cet après-midi par le sénateur-maire de Marseille Jean-Claude Gaudin à l’occasion d’une visite de courtoisie. Cette rencontre intervient au moment où Stanislas Perret, Commissaire général de la saison culturelle turque en France, effectue une visite de deux jours à Marseille.

- Juriste spécialisé en Droit international, Ozer Aydan, 62 ans, a pris ses fonctions le 8 octobre 2007, dans la cité phocéenne.
Le consulat qu’il dirige, couvre tout le littoral français méditerranéen, de la frontière italienne à la frontière espagnole, incluant les régions de Bordeaux, la Rochelle et Limoges, ainsi que la Principauté de Monaco.

- Monsieur le Consul général, que représente aujourd’hui la communauté turque en France et à Marseille ?

Ozer Aydan : On recense 320 000 Turcs en France et 55 000 dans la circonscription du consulat de Marseille, dont quelques milliers dans la cité phocéenne intra-muros. La 3e génération d’immigrés turcs a la nationalité française et ne se heurte plus à la barrière de la langue ni à celle de la culture française. Ils en sont au stade de l’intégration et de l’ascension sociale, y compris dans les instances électives locales. Beaucoup sont polyglottes. Ils parlent turc, français et anglais. Depuis une dizaine d’années, on compte de plus en plus de PME familiales dans les secteurs de la construction, du bâtiment et de la restauration. Ces Turcs de 3e génération achètent des terrains en France et y construisent leur maison. Ils investissent et consomment dans leur pays d’adoption. Ils sont devenus en quelque sorte nos propres consuls entre la Turquie et la France.

- Comment qualifieriez-vous les relations entre la France et la Turquie ?

O.A. : La France est considérée comme une amie de longue date ; une amie à laquelle nous faisons une confiance totale. Les relations entre les deux pays datent de François 1er. L’influence française reste très grande, dans nos institutions, nos codes, notre organisation politique. La France occupe actuellement le 6e rang pour les échanges commerciaux avec la Turquie avec un total de 15 milliards de dollars dont 6 milliards en sa faveur. 670 entreprises françaises commercent avec la Turquie. La France est le 5e investisseur étranger dans le pays. Un grand dossier nous rapproche en ce moment : nous préparons la Saison de la Turquie en France qui débutera en juillet 2009 et s’achèvera en mars 2010, avec des animations dans toutes les villes, notamment à Marseille. C’est d’ailleurs dans le Vieux-Port que doivent arriver les deux bateaux antiques actuellement en construction à Phocée. Ces bateaux vont refaire la traversée historique qui avait conduit à la création de Massalia. Nous voulons montrer que des liens ancestraux nous unissent à Marseille, mais aussi faire passer un message fort : la Turquie est un pays moderne et créatif.

- A propos de ces deux bateaux, avez-vous été surpris par la réaction de certaines autorités à Marseille ?

O.A. : Quand le projet a été dévoilé par la presse locale (ndlr : La Provence), nous ne disposions pas de tous les tenants et aboutissants. Maintenant que nous maîtrisons le sujet, je ne vois pas ce qu’on peut y trouver à redire. C’est notre histoire et notre patrimoine. Et l’histoire a fait que l’ancienne Phocée se trouve aujourd’hui en Turquie. La chambre de commerce franco-turque et l’association méditerranéenne franco-turque qui portent le projet en France, ont reçu tout notre soutien. J’espère maintenant que l’événement va prendre toute sa dimension symbolique. Et c’est d’ailleurs pour cela que nous y associerons la Grèce mais aussi l’Italie.

- Marseille compte une importante communauté arménienne. Comment aborder avec elle la question du génocide ?

O.A. : Les Arméniens sont nos frères et nos soeurs. Il sont près de 80 000 actuellement en Turquie. Les Arméniens ont été et sont toujours la richesse de la Turquie. Ils y ont construit des choses extraordinaires, à Istanbul en particulier. Nous leur devons des monuments, des édifices culturels et cultuels, des bâtiments, mais aussi leur musique et leur tradition culinaire. Nous avons choisi de nous tourner résolument vers l’avenir. En fait, tout a basculé en 2005. Avant cette date, nous étions dans une position difficile à tenir. On niait ou on essayait de faire face aux critiques internationales. Et puis, il y a 4 ans, le Premier ministre turc et tous les députés du pays ont adressé une lettre au président arménien pour lui proposer de créer une commission d’enquête commune, constituée d’historiens reconnus par les deux pays, afin que soient exploitées toutes les archives disponibles sur le sujet, en Turquie et en Arménie, mais aussi en Suisse, aux Etats-Unis, en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Grande-Bretagne. Oui, il s’est passé des choses graves en 1915. Mais nous voulons mettre en évidence les vraies responsabilités. Alors aux historiens de faire leur métier. Et le plus novateur dans cette démarche, c’est que la Turquie a annoncé qu’elle accepterait d’emblée les conclusions de la commission, qu’elles lui soient favorables ou pas.

Propos recueillis par Philippe Gallini

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Sources

Source :La Provence , le 21 novembre 2008.

Publié sous le titre : « Les Arméniens sont nos frères et nos soeurs ».

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