« Les efforts multilatéraux visant à améliorer les relations entre l’Arménie et la Turquie n’est pas la bonne façon de résoudre la question arménienne », aurait déclaré l’historien « respecté » - écrit Hürriyet - Ara Sarafian, faisant valoir que la solution réside dans la grande et influente diaspora.
Invité en Turquie à assister à une conférence d’histoire par les Universités Bilkent et Sabanci, et par la Fondation Hrant Dink, dans la province d’Adana, le fondateur - historien et directeur de l’Institut Gomidas de Londres, Ara Sarafian, a indiqué, dans un article publié dans Hurriyet, que l’offre du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan de créer une commission d’historiens pour résoudre la question arménienne était positive, mais que l’Arménie était la mauvaise adresse.
Sarafian a par ailleurs indiqué qu’il subsisterait deux problèmes à résoudre dans les efforts visant à améliorer les relations avec les Arméniens et l’Arménie. « La liberté d’expression pour les historiens en Arménie est limitée et la question du génocide est devenu un outil politique », a-t-il dit.
Egalement, que la Turquie devrait poursuivre son projet de constitution d’une commission d’historiens qui se penchera sur la question. Mais des historiens turcs ont suggéré de rencontrer des historiens modérés de la diaspora plutôt que ceux d’Arménie. « La solution viendra de la diaspora", at-il dit.
« Les membres de la diaspora qui ont toujours l’Anatolie dans leurs cœurs ne doivent pas être ignorés », at-il dit, ajoutant que la diaspora ne faisait pas partie de l’Arménie mais d’une partie de l’Anatolie. Il a également indiqué que la Turquie doit nécessairement pourvoir au financement de la commission d’historiens indépendants. « Je crois que la Turquie n’est plus ce qu’elle était Elle a une perception moderne et veut des solutions aux problèmes, » a déclaré Ara Sarafian.
Archives arméniennes
Concernant les archives, Sarafian a indiqué que les archives en Arménie étaient insatisfaisantes. « Les vrais documents sur le génocide sont dans les archives de l’Institut Zoryan à Boston et au Patriarcat arménien de Jérusalem », a-t-il dit.
Toujours selon lui, la question la plus importante est de savoir si les Arméniens veulent surmonter ce problème chronique. « Serons-nous capables de nous libérer de cet instinct de vengeance et de partager notre peine ? » Les Arméniens devraient cesser de se voir en tant que victimes, aurait dit l’historien.
"Nous ne pouvons pas comparer le génocide arménien avec l’Holocauste. Ceux qui ont été bannis de leurs terres ont beaucoup souffert mais ont survécu », dit-il.
Il a également déclaré que la société turque ne pouvait pas être blâmée pour ce qui s’est produit par le passé. « Nul ne peut nier le génocide, mais l’ensemble de la nation turque ne peut être tenue pour responsable. D’ailleurs de nombreux Arméniens ont été sauvés de la mort par des Turcs", a-t-il dit.
Les lobbies ont tourné la question en un instrument politique, aurait déclaré Sarafian. « Ils veulent tout contrôler de peur que des historiens ouvre une nouvelle page ». Un langage de la paix doit prévaloir entre Arméniens et Turcs, a-t-il dit
Sarafian a dû faire preuve de prudence quand il a entrepris des recherches en Turquie et a ajouté : « En tant qu’ historien, j’ai essayé de ne pas afficher une fausse position et de ne pas créer de tensions. Je sais que je dois être objectif. D’autant que la Turquie est constructive et il serait erroné de rater cette occasion. »
« La réponse arménienne, à la fois de la diaspora et de l’Arménie, aux appels turcs de travailler ensemble, ce sont soldés par un silence complet », aurait-il dit. « La Diaspora a boycotté toute coopération avec la Turquie parce qu’elle veut seulement blâmer et étendre ses accusations contre la Turquie. Malheureusement, les groupes radicaux de la Diaspora ont transformé la question sensible du génocide, en un outil politique. »
Il aurait par ailleurs dit qu’il était important que les futures générations se libèrent de l’état psychologique de la victime, concluant ses remarques par « Nous avons besoin de garantir à nos enfants qu’ils vivront en paix. L’instinct de vengeance n’est bon pour personne »