Il est sorti il y a 8 jours à peine et c’est déjà un phénomène de société plus qu’un film. La Vallée des Loups Irak est à l’affiche dans près de 500 salles à travers tout le pays, c’est la plus grosse production de l’histoire du cinéma turc. Et il est déjà assuré de battre tous les records d’entrées.
Film à grand spectacle, la Vallée des Loups a pour héros une sorte de Rambo turc parti en croisade pour l’honneur perdu de la patrie turque. Il a pour mission de venger le pays, humilié par l’armée américaine en Irak.
Le scénario se fonde sur des faits réels. En 2003, quelques semaines après la chute de Bagdad, 11 soldats turcs sont capturés par l’US Army du côté de Souleymanie, la co-capitale du Kurdistan irakien. Arrêtés, ils sont affublés d’un sac sur la tête et expulsés sans ménagement. Cet épisode a été vécu en Turquie comme une humiliation nationale.
Précisons que contrairement à la première guerre d’Irak, la Turquie a refusé d’intervenir en 2003 mais aurait aimé pouvoir envoyer ses troupes dans le Nord, pourchasser quelques membres du PKK, réfugiés dans les montagnes irakiennes. Et puis l’autonomie du Kurdistan d’Irak fait peur à la Turquie, qui craint que cela ne donne des idées à ses Kurdes à elle.
Le film est un concentré de nationalisme sur grand écran, une revanche sur pellicule pour les Turcs. Une bonne dose d’anti-américanisme, beaucoup de nationalisme, des drapeaux, des loups... Un cocktail explosif.
Le héros venge donc l’honneur de l’Armée turque en affrontant les « méchants » américains qui tuent des villageois en plein mariage ou qui shootent le minaret d’une mosquée avec son imam. Un médecin juif américain organise même un trafic d’organes prélevés sur les prisonniers d’Abou Ghraïb, la célèbre prison de Bagdad.
Les fans de la série télévisée La Vallée des Loups (Kurtlar Vadisi) s’y retrouvent aussi. Cette série à la gloire des milieux mafieux d’extrême droite, rappelle un peu l’histoire d’Ali Agca. Le film est déjà un immense succès et grâce à une campagne de communication agressive, un marketing très visible, les salles sont prises d’assaut (au sens figuré bien sûr).
Il rappelle un bouquin qui avait fait un carton l’an dernier. Tempête de Métal racontait une guerre mondiale entre la Turquie et les USA, déclenchée par un accrochage... en Irak. Il s’était vendu à 400.000 exemplaires, soit deux fois plus que Da Vinci Code à titre de comparaison.