« Une occasion historique qui ne doit pas devenir un échec historique. » C’est ainsi que le président israélien, Shimon Pérès, a qualifié, mardi 13 novembre, devant le Parlement turc à Ankara, le sommet sur le Proche-Orient qui doit se tenir fin novembre à Annapolis (Maryland), aux États-Unis. M. Pérès a assuré qu’Israël soutient la création à ses côtés d’un État palestinien « démocratique, indépendant et prospère », seul capable, selon lui, de mettre fin « au terrorisme dans la région ».
Ce discours, le premier d’un président israélien devant le Parlement d’un pays musulman, a été prononcé en hébreu en présence du premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, et du président de la République, Abdullah Gül. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, également invité par les autorités turques, lui a répondu en arabe. « Cette occasion exceptionnelle doit absolument être saisie », a-t-il estimé à propos du futur sommet d’Annapolis. M. Abbas avait appelé, mardi matin, à mettre fin à l’occupation « des terres arabes » pour qu’Israël vive « dans une mer de paix, de sécurité et de stabilité au Proche-Orient ».
Cette rencontre sur le sol turc est une nouvelle tentative du gouvernement d’Ankara de jouer un rôle de facilitateur de paix au Proche-Orient.
Premier pays musulman à reconnaître Israël en 1949, la Turquie est liée à l’Etat juif depuis 1996 par un accord de coopération militaire. Sans remettre en question cette alliance, le gouvernement islamo-conservateur a pris quelques libertés. M. Erdogan a qualifié, en 2004, de « terrorisme d’État » les assassinats ciblés israéliens contre des dirigeants palestiniens. Puis une délégation de dirigeants palestiniens du Hamas a été reçue non officiellement, en 2006, à Ankara. Mardi, M. Gül a demandé à M. Pérès « l’arrêt immédiat de la colonisation dans les territoires occupés ».
La Turquie veut aussi tirer parti de ses bonnes relations actuelles avec le voisin syrien pour jouer les intermédiaires. M. Gül milite pour la participation de la Syrie au sommet d’Annapolis. Et même si le président syrien Bachar Al-Assad a affirmé que Damas « restera à l’écart » si le sujet du plateau syrien du Golan annexé par Israël n’était pas discuté, la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a laissé la porte entrouverte.
Les visites de MM. Pérès et Abbas ont également fait avancer le projet turc d’établir une zone franche dans les territoires palestiniens. L’Union des chambres de commerce de Turquie (TOBB), soutenue par Abdullah Gül lorsqu’il était ministre des affaires étrangères, avait signé, en 2006, un accord prévoyant la reconstruction de la zone industrielle d’Erez, à la lisière nord de la bande de Gaza. Un projet gelé par la prise de pouvoir du Hamas et l’embargo israélien, mais qui pourrait être déplacé en Cisjordanie. De quoi « créer près de 10 000 emplois », a estimé Rifat Hisarcioglu, le président de la TOBB.