Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, se réjouit de l’absence de majorité absolue pour les conservateurs en Allemagne au lendemain des élections législatives.
« C’est un résultat favorable pour le processus européen », a-t-il déclaré.
Les conservateurs allemands ont affiché au cours de la campagne leur hostilité à une adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Les sociaux démocrates du chancelier Gerhard Schröder, à l’inverse, défendaient l’entrée d’Ankara dans l’UE.
Grande favorite du scrutin, la CDU-CSU devance finalement de justesse le SPD mais sans obtenir de majorité absolue au Bundestag.
« Cette campagne a montré les résultats que l’on obtient en menant une propagande négative contre les Turcs et notamment contre l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne », a ajouté le Premier ministre turc.
Seuls 600.000 des 2,6 millions de Turcs d’Allemagne ont le droit de voter. D’après les premiers résultats, cinq députés issus de la minorité turque siègeront au prochain Bundestag, contre deux dans l’assemblée sortante.
« Cette élection montre que les Turcs allemands sont devenus une force politique en Allemagne », s’est réjoui Kenan Kolat, vice-président de l’association représentant la minorité turque.
« La CDU-CSU aurait été bien avisée de ne pas perdre de vue la communauté turque parce que ce n’est tout simplement pas viable de mener une campagne anti-Turquie », a-t-il déclaré à Reuters.
L’optimisme était également de mise sur les marchés financiers de Turquie.
« C’est la meilleure nouvelle qu’on pouvait entendre avant le 3 octobre », a estimé un banquier, allusion à la date prévue de l’ouverture des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE.
Quelle que soit la coalition formée à l’issue des tractations engagées en Allemagne, il semble désormais peu probable qu’elle soit en mesure de revenir sur la politique décidée par Gerhard Schröder à l’égard de la Turquie.
La presse turque ne cachait pas non plus sa joie après la contre-performance de la CDU.
« Son opposition à la Turquie ne lui a rien apporté de bon », écrit le quotidien Milliyet.
« Les opposants à la Turquie sont déçus », commente le quotidien libéral turc Radikal.
L’ancien ministre des Affaires étrangères Yasar Yakis a toutefois nuancé cet optimisme. « Si la CDU forme une coalition, nous redoutons un renforcement des positions anti-turques dans ces négociations », a-t-il déclaré à Reuters.