Jacques Chirac estime que la ratification de la Constitution européenne rendra « plus long » le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.
« Elle a encore un long chemin à faire, d’autant plus long que l’Union européenne se prépare à franchir une étape supplémentaire dans l’affirmation de ses valeurs », souligne le chef de l’Etat dans une lettre transmise lundi au Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF).
Cette lettre, adressée au président de l’organisation Ara Toranian, a été rendue publique mardi par le CCAF, qui a sollicité Jacques Chirac « pour qu’il demande clairement et fermement » le report de l’ouverture des négociations d’adhésion de la Turquie « tant qu’elle refuse de reconnaître le génocide arménien » de 1915. Les négociations doivent commencer début octobre.
« La France a reconnu le génocide arménien de 1915. Elle attend de la Turquie qu’elle mène à son terme cet impératif devoir de mémoire. Nous sommes convaincus qu’elle en comprend la nécessité car tel est l’esprit des critères de Copenhague dont tout candidat doit démontrer le plein respect », écrit le président de la République.
« Avec la Constitution européenne, poursuit-il, pour la première fois dans l’Histoire, les droits et les libertés fondamentales seront reconnus par l’Union européenne elle-même et garantis à tous les citoyens européens ».
« Dans dix ans, quinze ans au plus tard, si la Turquie va au bout du processus engagé, il reviendra, en application de notre Constitution, à chaque Française et à chaque Français de se prononcer par référendum avant toute adhésion, et donc de juger du chemin parcouru par la Turquie pour partager nos valeurs », rappelle Jacques Chirac.
« La demande de la France et de l’Union européenne est que la Turquie applique résolument les valeurs et la conception des droits de l’homme, de la paix et de la démocratie qui sont celles de toute l’Europe », souligne-t-il. /SL