La population d’origine turque représente près de 500 personnes à Boulay. Malgré la bonne intégration de cette communauté dans la vie de la cité, sa culture teintée d’influences européenne et orientale, reste mal connue. Même si la population turque ou turcophone fréquente déjà la bibliothèque, la lecture et l’accès au livre sont assez nouveaux pour elle. Il a donc semblé particulièrement intéressant aux élus de la Communauté de communes du Pays boulageois (CCPB) d’en ouvrir les portes à la culture turque.
Une première en Europe
Ce projet ambitieux, à l’origine duquel se trouvent l’association des travailleurs franco-turcs et la CCPB, a deux objectifs majeurs : le développement de la bibliothèque et la création d’une passerelle entre deux cultures. Cette section est franco-turque : le projet fonctionne donc dans les deux sens. Elle fera connaître la culture turque aux Boulageois et permettra aux personnes d’origine turque ne maîtrisant pas idéalement le français de trouver une offre culturelle qu’elles pourront exploiter.
La bibliothèque communautaire « Charles de Villiers » de Boulay sera la première bibliothèque publique en Europe à disposer d’une section franco-turque.
900 ouvrages en français et 1 600 en turc permettront de découvrir les grands romanciers turcs ou turcophones et français (pour les livres traduits en langue turque).
En plus de ces 2500 livres, 600 en turc, offerts par le ministère de l’Education de Turquie, viendront en complément et feront redécouvrir une culture de laquelle les turcs ont été coupés.
Pourquoi « Espace Pierre Loti » ?
Il fallait trouver une dénomination de nature à incarner l’esprit de cet espace bien identifié au sein de la bibliothèque. Le bureau de la communauté de la CCPB a proposé le nom de Pierre Loti. Père de la turcophilie française, l’écrivain-voyageur, marin et académicien a gardé toute sa vie une attirance très forte pour la Turquie, qui l’a profondément marqué et revient régulièrement dans ses écrits, comme dans « Aziyadé » (1879) ou « Le Fantôme d’Orient » (1892). Il a fait de longs et fréquents séjours à Constantinople, pour lui, « la ville unique au monde » et avait une fascination pour l’empire ottoman jusqu’à réussir à retourner l’opinion occidentale en faveur des Turcs.
A noter que le lycée français d’Istanbul se nomme aussi « Pierre Loti ». Ce nom symbolise parfaitement l’idée de ce projet culturel original de créer un trait d’union, des échanges, des passerelles entre deux cultures qui se côtoient ou cohabitent mais ne se comprennent pas toujours. Cette réalisation s’élève à 41000€, financée à 80% par une subvention du ministère de l’Immigration et labellisée au titre du « Pôle d’Excellence Rurale » (PER).