Benoît XVI se rendra probablement en Turquie, à la fin du mois de novembre, afin de célébrer la fête de saint André en compagnie du patriarche orthodoxe Bartholomé Ier. Le gouvernement d’Ankara a confirmé ce week-end que des négociations étaient en cours avec le Vatican et qu’une « grande importance » était accordée à la visite du Pape. Ce geste officiel d’ouverture était le chaînon manquant dans la préparation d’un voyage qui serait placé sous le signe du dialogue oecuménique, mais aussi du dialogue avec l’islam sur lequel Benoît XVI est très attendu. Le Pape ne restera peut-être que 48 heures sur place, mais le gouvernement turc et le patriarcat oecuménique de Constantinople, en accord sur ce dossier, comptent bien obtenir de sa part une déclaration claire en faveur de l’intégration de la Turquie en Europe. Lui ne manquera sans doute pas d’insister sur ce qu’il considère comme le premier des droits de l’homme : la liberté religieuse.
« La Turquie accorde une grande importance à la question de la visite de Benoît XVI », a affirmé samedi le ministère des Affaires étrangères turc dans un communiqué, précisant que des « travaux sont en cours sur les dates de cette visite ». Le gouvernement a ensuite immédiatement jeté de l’eau sur le feu d’une première polémique. Selon le journal turc Radikal, Benoît XVI souhaiterait se rendre dans la basilique byzantine Sainte Sophie d’Istanbul - transformée en musée afin d’y prier. « A ce stade, aucun détail du programme de cette visite n’a été évoqué (...) l’information est fausse », a précisé le communiqué officiel.
Cette déclaration d’Ankara était très attendue au Vatican où le Pape, qui a le double statut de responsable religieux et de chef d’Etat, ne souhaitait pas se rendre sur place contre l’avis du gouvernement. D’autant que ce gouvernement a toutes les raisons de se méfier de Benoît XVI. Comme cardinal Ratzinger, il avait ainsi affirmé au Figaro Magazine en août 2004 que l’Europe est « un continent culturel et non géographique » et que la Turquie « a toujours représenté un autre continent au cours de l’histoire, en contraste permanent avec l’Europe ». Des déclarations qui n’avaient pas beaucoup plu au premier ministre turc. Mais après l’élection de Benoît XVI, Recep Tayyip Erdogan s’est dit convaincu d’une évolution de la pensée pontificale en la matière.
Fin août, la classe politique et les médias turcs ont également bien réagi après le discours de Benoît XVI en Allemagne, en faveur d’une meilleure entente entre chrétiens et musulmans.
Au Vatican, la secrétairerie d’Etat est particulièrement chargée de préparer ce voyage qui s’annonce, s’il a bien lieu, très politique. Mais le Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, présidé par le cardinal Walter Kasper, sera lui aussi fortement mis à contribution en raison des enjeux oecuméniques théologiques entre catholiques et orthodoxes. En raison aussi des tensions politiques et juridiques qui parcourent les différentes Eglises orthodoxes. Une visite du Pape à « Constantinople Istanbul » sonnerait mal aux oreilles de Moscou.