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Ankara en a assez d’être la tête de Turc de Jacques Chirac

lundi 5 septembre 2005

Courrier International

A l’approche du début des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, prévu pour le 3 octobre 2005, la France se répand, selon la presse turque, en déclarations contradictoires sur la candidature turque. De plus en plus, Paris est perçu en Turquie comme le principal opposant à l’intégration dans l’Union européenne.

Pour Abülhamit Bilici, de Zaman, les volte-face de Jacques Chirac « doivent néanmoins être analysées avec sang-froid ». « En effet, écrit l’éditorialiste de Zaman, »la position française actuelle s’explique davantage par la politique intérieure que par une opposition à la Turquie ou par une prise de position en faveur des Grecs. Chirac, qui a été littéralement réduit à néant par le référendum du 29 mai dernier essaie de se refaire une ligne politique en délivrant à l’opinion publique des messages qui vont lui plaire. Ce qui est certes dommageable pour la Turquie, c’est que cette politique donne des résultats.«  »Le front Chirac-Villepin tente de couper l’herbe sous le pied à Nicolas Sarkozy, favori de l’élection présidentielle de 2007 et opposant notoire à la Turquie, en tenant des propos identiques aux siens. Dès lors que les critères de Copenhague et les autres accords ne sont plus des sujets permettant de critiquer la Turquie, la France, tout comme l’Allemagne en son temps, faute d’arguments, utilise aujourd’hui la carte grecque. A noter que, selon certains, l’attitude de Paris est certainement motivée par la concurrence avec la Grande-Bretagne, grand soutien de la candidature turque et qui assure pour le moment la présidence de l’Union européenne.«  »En bref, on peut dire qu’il n’y a pas vraiment à s’inquiéter concernant le début des négociations prévues le 3 octobre prochain. Si l’on peut légitimement s’offusquer que la Turquie soit utilisée à des fins de politique intérieure, on peut aussi faire preuve de compréhension.«  »De toute façon, conclut Bilici, cette attitude ambiguë des dirigeants français concerne davantage les Français que nous.« Dans Radikal, Ismet Berkan oppose la franchise de l’opposition d’Angela Merkel à la candidature turque aux tergiversations de Jacques Chirac. »Chirac, lui, n’a jamais dit qu’il s’opposait à la pleine adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Il a même à l’occasion soutenu les Turcs. Néanmoins, c’est de lui qu’est venue l’idée de soumettre à référendum la question de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, alors qu’il n’y avait pas de demande dans ce sens. Angela Merkel, qui a toujours défendu l’idée d’un partenariat privilégié avec la Turquie, est plus franche, tandis que Chirac entretient la confusion. Les changements d’orientation du président français à l’égard de la Turquie sont-ils liés à des soucis de politique intérieure ? Parce qu’il veut en découdre avec les Britanniques ? Ou bien sont-ils la conséquence d’une forme de racisme caché ? Impossible de le savoir. Ce que je sais en revanche, c’est que - Dieu m’en garde ! -, si j’étais obligé de faire un choix entre Merkel et Chirac, je voterais pour Merkel. Au moins avec elle, on sait à quoi s’en tenir."

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